« How to Talk to Girls at Parties », « Sans un bruit » et « Bécassine ! » : notre critique ciné de la semaine

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Cette semaine, tout est question d'extraterrestres : en version punk des 70's, dans un silence familial assourdissant et même quand il s'agit de Bécassine, qui vient décidément d'un autre temps... et d'une autre planète ?

How to Talk to Girls at Parties
How to Talk to Girls at Parties / ARP Sélection

How to Talk to Girls at Parties

Réalisation : John Cameron Mitchell
Comédie dramatique – États-Unis/Angleterre – 2017
Distribution : Elle Fanning (Zan), Alex Sharp (Enn), Nicole Kidman (la reine Boadicea) Ruth Wilson (Stella), Abraham Lewis (Vic), Ethan Lawrence (John)

1977 : trois jeunes anglais.e.s de la banlieue londonienne croisent dans une soirée des personnes étranges. Le jeune Enn tombe sous le charme d’une créature nommée Zan…

John Cameron Mitchell est le génial réalisateur et acteur qui nous avait enthousiasmé en 2001 avec Hedwig and the Angry Inch. Il revient à ses premières amours : le rock et les personnages hors du commun. Sa nouvelle excentricité est un joyeux mix de SF, comédie débridée, romance adolescente et musique punk. Rien que ça !

Note : 3,5/5

C’est fou ce qu’il arrive à sortir de sa caboche en ébullition. Les références sont nombreuses : culture SM, classiques du cinéma de genre, et ô merveille la danse contemporaine. L’ambiance queer et pansexuelle propre aux 70’s est très réussie. Mitchell, la cinquante-cinquaine juvénile, s’est visiblement inspiré des nanars de sa jeunesse pour créer cette fantaisie psychédélique et kitsch. Un film parfait pour activer ses neurones !

Sans un bruit

Réalisation : John Krasinski
Thriller/Science-Fiction – États-Unis – 2018
Distribution : John Krasinski (Lee Abbott), Emily Blunt (Evelyn Abbott), Noah Jupe (Marcus Abbott), Millicent Simmonds (Regan Abbott)

Dans un monde envahi par des extraterrestres insectoïdes qui attaquent au moindre bruit, un couple avec enfants tentent de survivre.

Sacrebleu ! L’acteur John Krasinski a réussi son coup et nous offre le frisson de l’été. L’économie de paroles de son survival s’avère être une très bonne idée. Même si la première partie est tellement silencieuse qu’on peut entendre son voisin respirer, ça expose bien la vie de cette famille aux abois.

Note : 4/5

Heureusement pour nous, la suite devient nerveuse et riche en rebondissements prenants. La tension est à son comble ! Le travail effectué sur le son est un modèle du genre et y est pour beaucoup dans l’immersion du public. C’est bien plus efficace qu’exhiber des créatures carnassières, plutôt crédibles, mais peu originales. Une suite est d’ors et déjà en préparation. On a hâte !

Bécassine !

Réalisation : Bruno Podalydès
Comédie – France – 2018
Distribution : Emeline Bayart (Bécassine), Karin Viard (la marquise de Grand-Air), Denis Podalydès (monsieur Proey-Minans), Josiane Balasko (mademoiselle Châtaigne), Bruno Podalydès (Rastaquoueros), Isabelle Candelier (Madeleine), Vimala Pons (Marie Quillouch), Michel Vuillermoz (oncle Corentin), Jean-Noël Brouté (Hilarion), Philippe Uchan (Cyprien)

Bécassine, une modeste bretonne, rêve d’aller à Paris. Elle décide de faire son baluchon, mais sur la route, elle tombe sur Madame la Marquise. Elle vient juste de renvoyer sa nourrice et lui propose de la remplacer.

Bruno Podalydès adapte la bande dessinée que tout le monde connait (malgré eux) par le tube de Chantal Goya. Cette œuvre de 1905 a pourtant été importante, puisqu’elle inspira Hergé et son célébrissime Tintin. Mais qui dit BD ancienne, dit automatiquement vieilloterie. En celà, c’est une réussite. On a l’impression de voir un Vieux Tati (le réalisateur, hein !).

Note : 1,5/5

On a beau être au début du XXe siècle, ça aurait quand même mérité d’être dépoussiéré. Entre la naïveté ahurissant de Bécassine-la-bien-nommée et les gags du niveau de maternelle, on est sans cesse agacé.e. Ou indifférent.e. Le film distille beaucoup de tendresse, mais que c’est mièvre et nigaud ! Et, pire encore, mou comme une motte de beurre au soleil. Les tout-petits et les centenaires y trouveront peut-être leur compte…

Également à l’affiche cette semaine :

Jericó, le vol infini des jours (réalisé par Catalina Mesa) : un beau documentaire coloré venu de Colombie. Des femmes de 50 à 102 ans égrainent leurs souvenirs heureux ou tristes. Elles sont coquettes et bavardes et elles aiment par dessus tout leur village pittoresque. D’une simplicité désarmante qui touche en plein cœur.
Have a Nice Day (réalisé par Liu Jian) : Film d’animation chinois (censuré chez eux) d’une étonnante noirceur tarantinesque dans son scénario, mais singulièrement coloré et empreint d’une modernité dans son graphisme. C’est à mille lieues de ce que l’Empire du Milieu nous donne à voir habituellement. À découvrir !
Le Doudou (réalisé par Philippe Mechelen et Julien Hervé) : Kad Merad et Malik Bentalha forment un duo sympathique, c’est sûr, mais cette comédie gentillette est d’une platitude désolante. La salle était clairsemée et muette. Tout est dit !