« L'Extraordinaire voyage du Fakir », « Une année polaire » et « Demi-sœurs » : notre critique ciné de la semaine

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Cette semaine, on voyage en armoire Ikea (pratique !), on part bosser dans le Grand Nord et on emménage avec des inconnues qui nous ressemblent...

L'Extraordinaire voyage du Fakir
Sony Pictures Releasing France

L’Extraordinaire voyage du Fakir

Réalisation : Ken Scott
Aventure/Comédie – Inde/France – 2018
Distribution : Dhanush (Ajatashatru Oghash Rathod), Erin Moriarty (Marie) Bérénice Bejo (Nelly Marnay)

Quand la mère d’Aja, petit magicien de rue, décède, il part à Paris où elle a toujours voulu se rendre. Là-bas, dans un magasin d’ameublement, il fait la connaissance de Marie. Débute alors un extraordinaire voyage.

Après le phénomène Starbuck (2011), le québécois Ken Scott nous revient avec une adaptation d’un gros succès littéraire, L’Extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, de Romain Puértolas, publié en 2013.

Note : 4/5

S’il prend des libertés avec l’histoire originale, il en reprend les plus grands traits. Je ne soufflerai mot des tribulations du dégourdi Aja, ça gâcherait votre plaisir. Mais je peux tout de même dire que ces aventures farfelues ne manquent pas de piquant ni même de poésie. Dans un esprit facétieux et Bollywood, le réalisateur réussit à magnifier l’élan amoureux, mais n’omet pas d’aborder des sujets plus sérieux comme la situation des migrant.e.s.

Seul point négatif selon moi, les clichés sont légion. Mais en définitive, un joli conte moderne et désuet à la fois.

Une année polaire

Réalisation : Samuel Collardey
Comédie dramatique – France – 2018
Distribution : Anders Hvidegaard, Asser Boassen, Thomasine Jonathansen

Pour son premier poste d’instituteur, le danois Anders choisit le hameau inuit de Tiniteqilaaq, au Groenland. La vie et le métier vont s’avérer rudes, mais il va y prendre goût.

Quelque part entre la fiction et le documentaire, Une année Polaire est un billet pour le dépaysement. Anders Hvidegaard, véritable enseignant, joue ici son propre rôle, comme tous les habitants du village, y compris les enfants. Et ils sont confondants de naturel. Comme tout ce qui est à l’écran est tangible, le film est totalement réaliste et limpide. Pas de fioritures, place à la vraie vie, visages burinés inclus.

Note : 3,5/5

On apprend que le Groenland est une ancienne colonie, où le danois y est toujours enseigné à l’école, bien que ce ne soit pas la langue du pays. D’où la réticence de la population envers Anders et le choc des cultures entre les deux parties. Les scènes de dépeçages de phoques sont dignes du National Geographic mais les époustouflants paysages font passer la pilule. Simple, concret, boréal !

Demi-sœurs

Réalisation : Saphia Azzeddine, François-Régis Jeanne
Comédie – France – 2018
Distribution : Sabrina Ouazani (Salma), Charlotte Gabris (Olivia), Alice David (Lauren), Ouidad Elma (Amal), Patrick Chesnais (le notaire), Antoine Gouy (Benjamin)

Trois jeunes femmes qui ont le même géniteur mais qui ne se connaissent pas, héritent d’un immense appartement dans les beaux quartiers de Paris. La cohabitation promet d’être animée…

Emmenée par un trio de comédiennes fraîches et poilantes, cette comédie atteint son but : divertir. Mais guère plus, à mon grand regret. La faute à un scénario au goût de déjà-vu et à la mécanique trop bien huilée. Rien n’étonne, rien ne surprend.

Note : 3/5

À tout miser sur l’antagonisme des trois sœurs (religion, look, sexualité, vocabulaire), on finit par piétiner un peu. Heureusement pour nous, aimables spectatrices et spectateurs, les répliques amusantes et les situations démesurées ponctuent agréablement cette galéjade.

Et, ouuuuf !, la leçon de morale sur le vivre ensemble nous est gracieusement épargnée (de justesse). J’aurais adoré adorer cette ode à la sororité, je l’ai juste appréciée. Et c’est déjà pas mal !

Également à l’affiche cette semaine

Retour à Bollène (réalisé par Saïd Hamich) : Sincère et pertinent portrait d’un homme d’origine marocaine qui, à l’occasion d’une visite à sa famille, doit à nouveau faire face à une culture et des traditions dans lesquelles il ne se reconnait pas. Ce mélange subtil d’intime et de social est remarquablement porté par l’acteur polyglotte Anas El Baz, épatant dans son premier premier rôle.

Je vais mieux (réalisé par Jean-Pierre Améris) : Éric Elmosnino compose un amusant quinqua à la limite de l’hypocondrie. Adaptée du livre éponyme, cette gentille comédie est à moitié romantique et complètement nunuche. Comme c’est assumé, ça passe très bien et le temps ne semble jamais long. Même si on aurait aimer rire plus fort.

My Pure Land (réalisation : Sarmad Masud) : L’histoire vraie de Nazo Dharejo, une jeune femme qui a défendu sa propriété contre des bandits après la mort de son père. Au Pakistan, pays où « l’honneur vaut plus que la vie », les expropriations illégales y sont courantes. Chronologiquement déconstruit, ce drame virant à la guérilla est parfois un peu amateur, mais sa grande force féministe emporte le morceau.