À Nîmes, la mobilisation s'organise pour sauver Moussa, bisexuel menacé d'expulsion

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Enfermé depuis plus d'un mois dans un centre de rétention, Moussa peut être expulsé à tout moment. Komitid a fait le point avec les bénévoles de AIDES qui se mobilisent pour aider le Guinéen de naissance, à rester en France.

Mobilisation de soutien à Moussa devant la Préfecture - Sadeddine Derras

Ils et elles étaient une poignée ce dimanche 29 avril devant la Préfecture du Gard pour protester contre l’expulsion de Moussa. Depuis jeudi 26 avril, date de la première manifestation de soutien à ce jeune bi de 28 ans qui risque la mort s’il est renvoyé dans son pays d’origine, la mobilisation s’intensifie, portée par les organisations AIDES – où Moussa est bénévole – et Réseau éducation sans frontières (RESF).

Le combat pour « prouver » son homosexualité

Moussa est arrivé en France en 2015 : « Il est venu avec un visa de travail, car il est acrobate et travaillait avec une troupe pour un spectacle, explique à Komitid Élodie, qui est bénévole à AIDES et qui le connait bien. Quand son visa a expiré, il a fait une demande d’asile. Elle lui a été refusée il y a un an. » Dans sa demande d’asile, Moussa a fait entendre que sa vie était menacée en Guinée à cause de sa bisexualité. La stigmatisation de l’homosexualité dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest est très forte et le jeune homme y était persécuté. Selon Midi Libre, son compagnon a été brûlé vif sous ses yeux. Une expulsion signerait donc son arrêt de mort selon les associations.

« Il faut prouver qu’on est gay, c’est surréaliste »

Pour Sadeddine Derras, salarié à Aides, le refus de sa demande d’asile est difficilement compréhensible. «  Il faut prouver qu’on est gay, c’est surréaliste », s’indigne-t-il auprès de Komitid. Pour appuyer les demandes d’asile de certain.e.s de ses bénévoles, l’association peut fournir des photos montrant le demandeur ou la demandeuse lors d’une action bénévole afin d’attester de son engagement. « Cela a fonctionné pour d’autres personnes d’Aides », confirme-t-il. Malheureusement dans le cas de Moussa, sa présence à Aides est trop récente pour avoir pu être ajoutée à son dossier, et son témoignage accablant de son vécu en Guinée n’a, semble-t-il, pas suffisamment peser dans la balance.

Comme en prison

Arrêté à la gare de Nîmes il y a un peu plus d’un mois, Moussa est depuis retenu au centre de rétention administratif de Nîmes. Élodie, bénévole à Aides, a pu lui rendre visite plusieurs fois. Elle fait état d’une situation très préoccupante : « Moussa ne dort plus. Il sait qu’à tout moment, on peut venir le chercher et l’emmener. Il faut vivre avec l’agitation qui règne tout autour, se lier d’amitié avec d’autres gens dont on sait qu’ils peuvent aussi être emmenés d’un moment à l’autre. » Il n’y a qu’un seul parloir, alors les rencontres sont chronométrées à 20 minutes. La bénévole est très claire : Le centre de rétention s’apparente « à une prison » : « Il n’y a aucune activité, les gens tournent en rond. Ce n’est pas un endroit conçu pour que les gens y restent si longtemps. »

« Moussa ne dort plus. Il sait qu’à tout moment, on peut venir le chercher à l’emmener. »

Sauvé in extremis… mais jusqu’à quand ?

Dans la nuit de samedi à dimanche, Moussa a manqué être expulsé. « Il a été emmené à l’aéroport, explique Élodie, mais il semble que l’avion était plein. Peut-être était-ce un geste de solidarité de la part du pilote ? » Geste de solidarité ou problème technique, Moussa a tout de même dû retourner au centre de rétention et attend toujours d’être fixé sur son sort. Ce lundi matin, le président de AIDES Aurélien Beaucamp a demandé qu’une nouvelle demande d’asile soit examinée :

Quelques personnalités politiques ont posté un message d’indignation.

Selon Élodie, l’intervention du préfet pourrait aussi empêcher l’expulsion. Elle garde espoir pour que Moussa puisse être libéré le plus rapidement possible et être régularisé : « Il est acrobate, il pourra trouver du travail et rester en France. »