L'Indonésie s'apprête à interdire les relations sexuelles homosexuelles

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Le parlement indonésien semble décidé à rendre illégal les relations sexuelles homosexuelles et extra-conjugales. À la clef, des peines de prison allant de 5 à 12 ans.

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Jour noir pour les personnes LGBT+ indonésiennes. Le parlement du pays vote ce mercredi 14 février une révision du code pénal national. Parmi les modifications, figurent deux sections qui rendraient tout simplement illégales les relations sexuelles extra-conjugales et homosexuelles. Celles-ci seraient punies d’une peine d’emprisonnement allant de 5 à 12 ans.

Cette proposition de loi n’est que l’aboutissement d’années de persécutions de la communauté LGBT+ de l’archipel de 260 millions d’habitants. Récemment, ce sont 12 personnes trans qui ont été arrêtées. D’après Human Rights Watch, au moins 300 personnes LGBT+ auraient été arrêtées en 2017. Jusqu’à présent, seul l’état indonésien de l’Aceh, dont les lois sont basées sur une application stricte de la charia, interdisait l’homosexualité.

Le plus grand pays musulman du monde était considéré pendant de longues années comme un bastion (relatif) d’ouverture pour les minorités sexuelles. Mais les questions touchant à ces populations sont devenues un argument utilisé par les politiques conservateurs et conservatrices pour effrayer la population au cours de ces dernières années, explique le Washington Post.

« Protéger les LGBT+ »

Avec les partis conservateurs majoritaires dans l’assemblée du pays, ces révisions ont toutes les chances d’être adoptées. Certain.e.s, note The Guardian, espèrent que le président indonésien Joko Widodo, perçu comme plus libéral, pourrait bloquer ces changements. Mais le risque de perte de capital politique pourrait l’en empêcher, alors que des élections présidentielles sont prévues en avril 2019.

Ironie de l’histoire, certains politiques libéraux se retrouvent même à défendre la mesure, expliquant que celle-ci protégera les personnes LGBT+, inciterait la population à les dénoncer à la police plutôt que de s’en prendre à elles et réduirait ainsi les actes de violences homophobes. Un argument que Lini, un activiste de l’association indonésienne Arus Pelangi, considère comme ridicule :

« Ça n’est pas de la protection », explique Lini au Washington Post. « Les LGBT indonésien.ne.s sont souvent rejeté.e.s par leurs familles. Permettre à leurs parents de les jeter en prison légalement est l’opposé de la notion d’aide. »

Ce changement de législation, en plus de heurter la population LGBT+ indonésienne, pourrait aussi avoir une incidence négative sur le tourisme du pays. D’après News AU, l’île de Bali est notamment devenue une destination privilégiée par les jeunes Occidentaux et Occidentales depuis quelques années, qui pourraient bien se voir refroidi.e.s devant l’intolérance des autorités indonésiennes.