Au Cameroun, des défenseurs des droits humains s'indignent du traitement médiatique du meurtre d'un commerçant

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Les organisations fustigent notamment un reportage d'une chaine locale qui a révélé l'orientation sexuelle supposée de la victime.

Une rue de Douala, au Cameroun, en 2013 - Ammonite / Shutterstock

Le 24 avril dernier, selon les informations rapportées dans la presse, un habitant du quartier de New Deido, à Douala, au Cameroun, a été assassiné au rasoir. Il était âgé de 35 ans et était commerçant.

Quelques jours plus tard, des associations de défense des droits humains ont publié un communiqué dénonçant l’attitude de certains médias, qu’elles jugent partials. Elles s’en prennent notamment à la télévision Canal 2 International, pour un reportage dans lequel le journaliste évoque l’homosexualité supposée de la victime.

Les trois associations signataires, Humanity First Cameroon, Alternatives Cameroun et Working for our Wellbeing expliquent aussi qu’un défenseur des droits humains à la recherche d’éléments et qui voulait apporter un soutien à la famille a été dépossédé de sa pièce d’identité, « au motif d’ingérence dans les affaires de la police judiciaire ».

« Nous nous insurgeons contre la légèreté avec laquelle cet événement est traité à la fois par les autorités compétentes, mais aussi et davantage par les médias »

Quand à Canal 2 International, les associations écrivent : « Nous nous insurgeons contre la légèreté avec laquelle cet événement est traité à la fois par les autorités compétentes, mais aussi et davantage par les médias. Nous condamnons radicalement la qualité du reportage subjectivement teintée de préjugés sociaux relatifs à l’homosexualité, qu’a faite la chaîne de télévision CANAL 2 INTERNATIONAL au sujet de ce meurtre. En mettant en avant l’orientation réelle ou supposée de la victime, cette chaîne de télévision n’aura réussi qu’à détourner l’attention du public vers un sujet de nature à biaiser le traitement de l’information liée à ce triste événement. »

Les associations demandent la création d’une commission d’enquête indépendante, juste et équitable, pour que justice soit faite ; la présentation des excuses publiques de la chaîne CANAL 2 INTERNATIONAL, à la famille pour avoir fait un traitement subjectif sur le meurtre d’un des leurs ; la restitution immédiate de la carte nationale d’identité du défenseur des droits humains. »

Selon les signataires, la période de crise sanitaire liée au Covid-19 a engendré une « recrudescence des violences et violations que subissent les minorités sexuelles et de genre ».