Turquie : la société civile sous une pression croissante

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Les activités des organisations non gouvernementales sont de plus en plus restreintes en Turquie, a affirmé jeudi le Centre de développement de la société civile (STGM), basé à Ankara, dans un rapport publié avec le soutien de l'Union européenne.

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Le drapeau de la Turquie et le rainbow flag - Yuriy Boyko / Shutterstock

« Le champ d’action de la société civile est de plus en plus restreint en Turquie avec les nouvelles réglementations et la montée de la pression de l’Etat », a affirmé le STGM qui a présenté jeudi à Ankara les conclusions d’une étude de terrain menée auprès de plus de mille organisations.

Les associations de défense des droits fondamentaux sont particulièrement ciblées par des pressions, déclenchées souvent par une campagne de lynchage médiatique, suivi d’une inspection administrative et d’éventuelles amendes ou encore de procès pour la fermeture, affirme Murat Ozcelebi, du STGM.

« Les organisations considérées comme opposantes au pouvoir subissent beaucoup plus d’inspections donnant lieu à des sanctions. Cela pousse beaucoup d’entre eux à l’autocensure », ajoute-t-il.

Plus de 1500 associations et fondations ont été fermées depuis le durcissement du pouvoir qui a suivi la tentative du coup d’Etat de 2016 contre le président turc Recep Tayyip Erdogan.

En plus des sanctions, des poursuites pénales contre des responsables d’ONG sont aussi utilisées comme un moyen d’intimidation pour l’ensemble de la société civile, précise M. Ozcelebi.

Les associations de défense des droits des LGBT et de l’égalité des sexes sont particulièrement victimes « des agressions verbales et physiques ainsi que du harcèlement à travers les médias », souligne le rapport.

Adoptée en 2020, l’obligation légale pour les ONG de communiquer l’identité de l’ensemble de leur membres aux autorités a été un autre coup dur pour leurs activités.

« Après cette obligation, le nombre des membres des associations a chuté de 12 à 8 millions en Turquie. Les gens ont peur d’être fichés, surtout s’ils sont membres des organisations oeuvrant dans des domaines considérés comme sensibles, comme la défense des LGBT », affirme M. Ozcelebi.

« Une démocratie n’est possible qu’avec une forte société civile. Il existe cependant de nombreuses lacunes concernant la participation de la société civile en Turquie », regrette de son côté Levent Korkut, président du STGM.

Sur 163 lois adoptées en 2021 et 2022, seules deux ont été rédigées après consultation et prise en compte des avis des ONG, note le rapport.

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