La Grèce s'apprête à légaliser le mariage et l'adoption pour les couples de même sexe

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La Grèce s'apprête jeudi 15 février à autoriser le mariage des couples de même sexe et l'adoption d'enfants par ces couples , une réforme sociétale majeure portée par le gouvernement conservateur malgré l'opposition farouche de l'influente Eglise orthodoxe.

Le drapeau grec et le drapeau LGBT
Le drapeau grec et le drapeau LGBT - iunewind / Shutterstock

La Grèce s’apprête jeudi 15 février à autoriser le mariage des couples de même sexe et l’adoption d’enfants par ces couples , une réforme sociétale majeure portée par le gouvernement conservateur malgré l’opposition farouche de l’influente Eglise orthodoxe.

Ce pays méditerranéen où prédomine encore un modèle de famille traditionnel devrait devenir le 37e pays dans le monde, le 17e pays de l’Union européenne et le premier pays chrétien orthodoxe à légaliser l’adoption pour des parents de même sexe.

Pour les associations LGBT+ et les couples de même sexe avec enfants, la Grèce vit « un moment historique ».

Le vote des députés est prévu dans la soirée après une intervention au Parlement du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, qui a porté ce texte.

L’adoption du projet de loi ne fait guère de doutes en raison du soutien de plusieurs partis d’opposition de gauche.

Mais M. Mitsotakis est confronté à la rébellion de l’aile la plus conservatrice de son parti Nouvelle-démocratie (ND) qui s’oppose à cette réforme qui donnera la possibilité à deux personnes de même sexe de contracter un mariage civil comparable à celui réservé jusqu’ici à un homme et une femme.

Il ne devrait donc pouvoir compter que sur les voix d’une centaine de députés sur les 158 que compte le camp gouvernemental.

Le chef du gouvernement n’a pas imposé de consigne de vote aux députés de la ND.

Mesure phare

Confortablement réélu l’an dernier, il a fait du mariage entre personnes du même sexe une mesure phare de son deuxième mandat.

Elle constitue pour lui « une étape importante qui vise l’égalité de tous les citoyens ».

Depuis 2015, la Grèce dispose d’une union civile mais elle n’offre pas les mêmes garanties juridiques que le mariage civil.

Le dirigeant a également insisté sur la nécessité de mettre un terme à des situations ubuesques en ce qui concerne l’homoparentalité.

« Les parents de même sexe pourront enfin dormir paisiblement la nuit », a-t-il assuré en présentant la réforme en conseil des ministres fin janvier.

Car ils seront « libres de la peur que s’il leur arrive quelque chose, leur enfant ne se retrouvera pas (…) dans une institution ».

Car jusqu’à présent seul le parent biologique dispose de droits sur l’enfant. En cas de décès de celui-là, l’Etat retire la garde à l’autre parent.

Et les enfants de deux pères ne peuvent pas obtenir de papiers d’identité, le nom d’une mère étant obligatoire à l’état civil.

« Moment historique »

Pour Konstantinos Androulakis, un Grec de 46 ans marié au Royaume-Uni avec Michael et père de deux enfants de 6 et 11 ans, la Grèce vit « un moment historique ».

« C’est un tremplin important », affirme à l’AFP ce consultant londonien venu en Grèce pour l’occasion, affichant l’espoir qu’à l’avenir, « les droits des personnes LGTB+ s’améliorent en Grèce de manière générale ».

Certains ont toutefois déploré que le projet de loi n’accorde pas la gestation pour autrui (GPA) aux couples homosexuels.

L’essentiel de l’âpre débat qui a agité le pays ces dernières semaines a concerné la question de l’homoparentalité.

Les études d’opinion ont montré que les Grecs étaient plutôt favorables au mariage homosexuel mais opposés à l’adoption par les couples de même sexe.

Dans un pays à 95 % orthodoxe, l’Eglise, dotée d’un rôle “dominant” par la Constitution, s’est totalement opposée au projet.

« Les enfants ont un besoin inné et donc le droit de grandir avec un père de sexe masculin et une mère de sexe féminin », assure le Saint-Synode qui a adressé une missive à tous les députés.

Un sermon a également été lu dans toutes les églises du pays dimanche 4 février.

Quelque 4.000 opposants, emmenés notamment par Niki, le parti d’extrême droite proche de la Russie, ont déferlé dimanche devant le Parlement brandissant des icônes de la Vierge et des croix chrétiennes et scandant : “Ne touchez pas aux enfants”.

Tout un symbole : en septembre, Stefanos Kasselakis qui affiche publiquement son homosexualité et s’est récemment marié aux Etats-Unis à son partenaire a pris les rènes du parti de gauche Syriza, première force d’opposition au parlement.

Et les injures proférées par un dirigeant régional qui a qualifié M. Kasselakis de « pédé » ont suscité la bronca des responsables politiques.