Megan Rapinoe, star du foot et figure du militantisme LGBT, prendra sa retraite en fin de saison

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Megan Rapinoe est de ces athlètes qui ont mis leur notoriété au service de causes dépassant le cadre de leur sport.

Megan Rapinoe en 2019, à Lyon
Megan Rapinoe en 2019, à Lyon -Romain Biard / Shutterstock

L’Américaine Megan Rapinoe, star mondiale du football ouvertement lesbienne et voix influente de la lutte contre les inégalités et les discriminations, a annoncé le 8 juillet qu’elle prendrait sa retraite sportive à la fin de la saison à l’âge de 38 ans.

Joueuse talentueuse au palmarès éloquent mais aussi militante féministe et défenseuse de la cause LGBT+, elle est de ces athlètes qui ont mis leur notoriété au service de causes dépassant le cadre de leur sport.

« C’est avec un sentiment profond de paix et de reconnaissance que j’ai décidé que cette saison serait ma dernière à pratiquer ce sport magnifique », a écrit sur ses réseaux sociaux l’attaquante américaine, qui s’apprête à disputer la quatrième Coupe du monde de sa carrière en Australie et en Nouvelle-Zélande (20 juillet-20 août).

« Je n’aurais jamais pu imaginer à quel point le football a façonné et changé ma vie à jamais », a-t-elle ajouté.

Double championne du monde (2015, 2019), championne olympique en 2012 à Londres et lauréate du Ballon d’or en 2019, l’attaquante aux 199 sélections étalées sur 17 années est aussi une militante engagée qui a théorisé la responsabilité des sportifs et des sportives à prendre position dans les débats publics.

« Il serait irresponsable de ne pas utiliser cette tribune à portée internationale pour essayer de faire bouger les choses », déclarait-elle durant la Coupe du monde en France il y a quatre ans, où la gauchère avait éclaboussé les terrains de son talent, finissant meilleure joueuse et buteuse de la compétition.

Egalité de salaire

Rapinoe fut ainsi l’une des premières à s’agenouiller dès 2016 pendant l’hymne américain pour dénoncer les violences policières contre les Noirs dans le sillage de l’ex-star du football américain (NFL) Colin Kaepernick. « Ça me semblait être un impératif plutôt qu’un choix », dit-elle dans son autobiographie One Life, publiée en 2020.

Militante féministe, en première ligne de la lutte pour les droits des LGBT+ depuis son coming out en 2012, la co-capitaine de la sélection américaine, épouse de la basketteuse Sue Bird, n’a pas hésité non plus à s’en prendre frontalement au président républicain Donald Trump, élu en 2016, le qualifiant de représentant des « suprémacistes blancs ».

Avant le Mondial-2019, elle prévient que ses coéquipières et elle n’iront pas à la Maison blanche en cas d’invitation. « Megan devrait gagner avant de parler », réplique Trump sur Twitter. Championnes du monde quelques semaines plus tard, les Américaines tiennent parole.

Megan Rapinoe, qui a découvert le football dès l’âge de trois ans avec son frère aîné Brian, fut également à la pointe de la lutte pour l’égalité salariale entre les sélections masculine et féminine des Etats-Unis.

Ce long combat entamé devant les tribunaux dès l’issue du Mondial-2019 n’a abouti qu’en mai 2022 par un accord avec US Soccer instituant une égalité de traitement salarial en sélections.

Pour son rôle moteur, le successeur démocrate de Donald Trump à la Maison blanche, Joe Biden, l’a décorée en juillet de l’année dernière de la Médaille présidentielle de la liberté, la plus haute distinction civile aux Etats-Unis, qu’aucun footballeur n’avait jamais reçue avant elle.

« Briser le plafond »

Le mois dernier, l’attaquante qui évolue dans le championnat américain (NWSL) sous le maillot de l’OL Reign, la franchise de Seattle, a souligné l’importance du Mondial à venir en Australie et en Nouvelle-Zélande pour la reconnaissance de la pratique féminine du sport.

Cette Coupe du monde, a-t-elle dit, est « une véritable opportunité de briser le plafond en termes d’engouement, de médias et de sponsors et plus largement de business autour de ce sport ».

« Je ressens une incroyable gratitude d’avoir joué aussi longtemps, vécu tous nos succès et fait partie d’une génération de joueuses qui laisseront indubitablement le football dans un meilleur état que celui dans lequel elles l’ont trouvé », écrit-elle dans son message diffusé samedi.

Après la Coupe du monde, elle prendra part à la fin de la saison de NWSL, qui s’achève en novembre.

La suite sera à écrire pour celle qui confiait en mai 2020 au média Vice TV qu’elle « ne fermait pas la porte » à une carrière politique. Même si, ajoutait-elle aussitôt, « ça semble un peu fou ».