Six poètes homosexuels à découvrir ou redécouvrir

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Rimbaud et Verlaine, mais aussi García Lorca, Whitman, Gunn, Merrill : voici des poètes gays qui ont marqué la littérature par leur œuvre et leur personnalité.

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À l’évocation des poètes homosexuels, les noms de Rimbaud et Verlaine surgissent immédiatement, mais d’autres poètes gays marquants – espagnols, anglais, américains – ont durablement influencé la littérature par leur sensibilité particulière.  Souvent confrontés au scandale et au rejet d’une société bien-pensante, voici 6 poètes homosexuels dont les œuvres méritent d’être découvertes ou redécouvertes.

Rimbaud et Verlaine : le couple mythique

Difficile d’évoquer les poètes homosexuels sans mentionner Arthur Rimbaud et Paul Verlaine, dont la relation passionnée et agitée est documentée par de nombreuses lettres et poèmes. Lorsqu’Arthur Rimbaud rencontre Paul Verlaine, il n’est qu’un adolescent de 17 ans qui a composé les Cahiers de Douai lors de ses deux fugues de jeunesse. Verlaine, lui, est déjà un poète reconnu, marié et père d’un petit garçon. Leur relation passionnée prend rapidement une tournure sombre et orageuse. Verlaine est alcoolique et souvent violent ; Rimbaud jeune et impulsif. Les conflits se multiplient jusqu’à aboutir au « Drame de Bruxelles » le 10 juillet 1873 au cours duquel Verlaine, dans une crise de jalousie, tire à deux reprises sur Rimbaud avec un revolver, le blessant légèrement. Cette altercation conduit Verlaine à être incarcéré pendant deux ans à la prison de Mons. Rimbaud, lui, retourne chez sa mère et compose le recueil Une saison en enfer qui revient sur la période tumultueuse qu’il vient de traverser avec Verlaine. Si ce drame marque la rupture définitive des deux amants mythiques, Verlaine ne cessera d’admirer Rimbaud et contribuera à faire connaître son œuvre.

Federico García Lorca : le poète martyr

Federico García Lorca est l’un des poètes les plus célèbres d’Espagne. Né en 1898, il s’efforce dans un premier temps de cacher son homosexualité jusqu’à l’assumer lors d’un voyage à New-York et Cuba en 1929 et 1930 au cours duquel il écrit le célèbre poème Ribera de 1910 (Rivage de 1910) Son œuvre est censurée sous le régime de Franco. Selon son biographe Ian Gibson, l’homosexualité de García Lorca a été, en plus de ses opinions politiques antifascistes, une des raisons premières de son arrestation, torture et exécution le 18 août 1936.

Walt Whitman : l’éloge de la sensualité

Walt Whitman est l’un des piliers de la poésie américaine du XIXème siècle. Démocrate convaincu, opposé à l’esclavage, il est aussi ouvertement homosexuel et participe avec son amant à la Fred Gray association, qui regroupe des personnalités homosexuelles autour de dîners. Whitman est célèbre pour son recueil Feuilles d’herbe (Leaves of Grass en anglais), qui célèbre la sensualité avec une grande liberté et fut confronté à l’éventualité d’un procès pour atteinte aux bonnes mœurs.

Thom Gunn : écrire sur le sida

Thom Gunn, poète britannique né en 1929, a écrit sur sa propre expérience de vie, particulièrement dans son recueil The Man with Night Sweat en 1992 qui évoque l’homosexualité, la drogue, le sexe et la crise du sida dans les années 1980. Il y rend hommage à ses amis emportés par la maladie.

James Merrill : une vie consacrée à l’art

James Merrill, poète américain né en 1926, a remporté de nombreux prix pour son œuvre poétique prolifique, souvent comparée à celle de W.H. Auden. Ses poèmes évoquent son désir, sa relation avec ses amants et les difficultés auxquels il a été confronté dans une société hostile aux différences sexuelles. The Changing Light at Sandover, l’une de ses œuvres les plus célèbres, est un poème épique de plus de 500 pages écrit en collaboration avec son compagnon de longue date, David Jackson. Le poème raconte l’histoire de leur vie ensemble, mais aussi leurs expériences surnaturelles avec les esprits, canalisés à travers des séances de spiritisme. Merrill a également composé des poèmes exprimant sa douleur et sa tristesse face à la mort de ses amis et amants, emportés par le sida dans les années 80, comme « Lost in Translation ».

  • silvius

    Cet article est très intéressant et il a le mérite de mettre en lumière la poésie dans un paysage médiatique qui ne lui laisse pas assez de place. La beauté et la puissance des mots des poètes sont pourtant une source de réconfort, d’espoir et d’énergie précieuse dans notre quotidien anxiogène. Merci de parler d’eux !
    Je n’ai qu’une critique, c’est que l’article invisiBIlise la bisexualité de Paul Verlaine, pourtant amplement documentée d’après sa vie (son mariage avec Mathilde Mauté, dont il est sincèrement amoureux jusqu’à sa rencontre avec Rimbaud) et son œuvre (même ses poèmes pornographiques sont très clairs sur le sujet…). La bisexualité existe et je vous serais reconnaissant de ne pas l’escamoter, nous avons bien assez de mal à nous faire connaître sans finir écrasés dans l’opposition bi… naire entre homosexualité et hétérosexualité. En plus, cela ne change pas grand-chose à l’article, qui en deviendra plus inclusif et plus intéressant.

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