Bosnie : l'UE condamne des actions contre les libertés dans l'entité serbe

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Le président de l'entité serbe de Bosnie, la Republika Srpska, Milorad Dodik, a initié ces derniers temps plusieurs projets controversés.

Milorad Dodik en 2019
Milorad Dodik en 2019 - Alexandros Michailidis / Shutterstock

L’Union européenne (UE) a dénoncé le 27 mars une série de mesures prises par les autorités de l’entité serbe de Bosnie, la Republika Srpska, visant à réduire « considérablement » les libertés fondamentales, notamment des médias et des organisations non gouvernementales.

Le président de la Republika Srpska, Milorad Dodik (photo), a initié ces derniers temps plusieurs projets controversés, dont la criminalisation de la diffamation et de l’injure, la préparation d’une législation pour qualifier les ONG d’« agents étrangers » et l’annonce d’une autre pour « interdire » aux représentants de la communauté LGBT d’« approcher des établissements d’éducation ».

Ces initiatives ont été dénoncées par des partis d’opposition, des associations de journalistes, des ONG et plusieurs ambassades occidentales, notamment celle des Etats-Unis.

Les textes ont été comparés par certains à la législation similaire en vigueur en Russie ou encore à la loi sur les « agents étrangers », dont la tentative d’adoption a provoqué début mars de grandes manifestations en Géorgie. Selon eux, ils visent à faire taire toute voix critique dans l’entité serbe.

« Le bureau de l’UE en Bosnie-Herzégovine condamne les récentes mesures prises par les dirigeants de la Republika Srpska qui réduisent considérablement l’espace civique, nuisent aux intérêts de la RS et du pays (et) rejettent les valeurs européennes fondamentales », lit-on dans un communiqué.

L’UE a accordé en décembre à la Bosnie le statut de candidat à l’adhésion.

En affirmant que l’atmosphère politique s’était « sensiblement dégradée » en RS « au cours des dernières semaines », l’UE exhorte ses autorités à « retirer la législation proposée et les initiatives discriminatoires ».

Depuis la fin de la guerre intercommunautaire (1992-1995), la Bosnie est divisée en deux entités, une serbe et une croato-bosniaque, reliées par un faible gouvernement central.

Des changements du code pénal de la RS, pour y introduire la diffamation et l’injure, ont été adoptés en première lecture jeudi par le Parlement de l’entité serbe, ouvrant la voie à un débat public pendant deux mois. Les deux autres initiatives sont en préparation.

Par ailleurs, à l’initiative de Milorad Dodik, le gouvernement de la RS a adopté jeudi une information sur la rupture de la coopération de tous les responsables politiques des Serbes de Bosnie avec les ambassades des Etats-Unique et du Royaume-Unis en raison de leur « ingérence » dans les affaires intérieures de la Bosnie. Cette mesure doit encore être approuvée par le Parlement de l’entité.

Milorad Dodik, qui soigne ses relations avec le président russe Vladimir Poutine, est visé par des sanctions américaines et britanniques pour ses menaces sécessionnistes, qu’il ne cesse de réitérer.