Bosnie : des militant·es LGBT accusent des responsables politiques de créer le climat de haine

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En Bosnie, la projection d'un film LGBT+ a été interdite suite à l'agression de plusieurs militants et journalistes par un groupe homophobe.

Pride 2022 de Sarajevo - Ajdin Kamber / Shutterstock
Pride 2022 de Sarajevo - Ajdin Kamber / Shutterstock

Des militant·es LGBT ont accusé lundi des responsables politiques en Bosnie d’avoir créé un climat favorisant les agression perpétrées au cours du week-end à Banja Luka (nord) où ils voulaient organiser un événement public, finalement interdit par la police.

Annoncée aux autorités plusieurs jours à l’avance, la projection d’un film documentaire sur la communauté LGBT locale, qui aurait dû être suivie d’un débat, a été interdite samedi, quelques heures avant son début pour des raisons de “sécurité“.

La police a expliqué aux organisateurs avoir pris cette décision en raison de “la réaction négative de la population, des associations (…) et des groupes de supporteurs“.

L’annonce de l’événement, programmé dans un centre culturel, avait provoqué de vives réactions dans la capitale de l’entité serbe de Bosnie, la Republika Srpska, y compris des dirigeants politiques.

Je suis contre ça, pour que vous le sachiez bien, contre une quelconque manifestation. Et je m’attends à ce que les autorités de la Republika Srpska empêchent de tels événements dans les lieux ouverts ou fermés“, avait déclaré deux jours avant le président de cette entité, Milorad Dodik, lors d’une conférence de presse. “Ils harcèlent les autres“, a-t-il ajouté.

Samedi soir, alors que l’événement avait été annulé, une quinzaine de militants LGBT et de journalistes ont été agressés “par une trentaine d’hommes cagoulés” devant les bureaux de l’antenne locale de l’organisation Transparency International, a raconté lundi lors d’une conférence de presse Mirza Halilcevic, un des militants qui était sur place.

Trois personnes ont été blessées dans cette attaque “qui a duré deux minutes“, selon lui.

Peu avant l’arrivée des hooligans, des policiers ont demandé aux militants de quitter les lieux.

La police nous a dit qu’elle ne pouvait pas nous garantir la sécurité (…) Nous avons été agressés sous le regard des policiers”, a assuré ce militant.

C’était un crime de haine contres des personnes LGBTQ“, a dit Lejla Huremovic, une autre militante.

Selon elle, des groupes de supporteurs ont sillonné la ville samedi en scandant des insultes à l’adresse de la communauté LGBT.

Les militants ont annoncé des plaintes au pénal contre le président de la Republika Srpska, Milorad Dodik, et le maire de Banja Luka, Drasko Stanivukovic, qu’ils accusent d'”incitation” et d’avoir “donné le feu vert” aux hooligans.

Le maire de Banja Luka s’était, lui aussi, opposé à la tenue de la soirée LGBT, soulignant l’importance des “relations patriarcales, traditionnelles et familiales” pour sa ville.

La première marche des fierté bosnienne a été organisée en 2019 à Sarajevo mais la société locale reste largement homophobe.