Coupe du monde au Quatar : censure, interdictions et actes de bravoure aux couleurs LGBT

Publié le

Malgré les interdits des autorités quataris et de la Fifa, plusieurs supporters et personnalités se rendent aux matchs de la Coupe du Monde du Quatar avec des arc-en-ciel sur leurs tenues, en soutien à la communauté LGBTI+.

Le journaliste Grant Wahl a été refoulé en raison de son T shirt - Capture d'écran / Twitter
Le journaliste Grant Wahl a été refoulé en raison de son T shirt - Capture d'écran / Twitter

La Coupe du Monde a commencé au Quatar depuis à peine quelques jours que de premières déconvenues viennent déjà rythmer la compétition.

Pour ses pratiques anti-droits humains et sa politique LGBT-phobe qu’il compte bien maintenir, le pays se retrouve au milieu de polémiques toutes plus graves les unes que les autres. Dernièrement, face aux promesses d’actions militantes de la part de certains joueurs, qui souhaitaient se vêtir d’un brassard “One Love” aux couleurs arc-en-ciel, la FIFA a pris position en interdisant purement et simplement le port de ce petit bout de tissu.

Sept équipes avaient pourtant prévu de participer à cette action anti-discriminations. Toutes ont préféré se retirer lorsque la Fifa les a menacé de sanctions sportives (un carton jaune) s’ils passaient à l’acte.

L’interdiction ne s’arrête pas aux joueurs sur le terrain, mais s’applique aussi aux spectateurs assis dans les tribunes. En moins d’une semaine, les vidéos affluent sur Twitter : des supporters sont interdits de stade à cause des rainbow flag présents sur leurs vêtements. “Il nous ont dit que c’était un symbole banni”, explique une supportrice après que la sécurité lui a intimé l’ordre de retirer son chapeau, sous peine de ne pas pouvoir entrer.

Un journaliste américain, Grant Wahl a lui aussi été empêché d’entrer dans le stade pour le match opposant les États-Unis au Pays de Galles. Dans son tweet, le journaliste assure : “Je vais bien, mais c’était une étape inutile. Je suis dans le coin des médias, je porte toujours mon t-shirt. J’ai été détenu pendant près d’une demi-heure. Go gays.”

Enfin, ironie du sort toute aussi révoltante : un autre journaliste, brésilien cette fois-ci, s’est vu refuser l’entrée du stade. La cause ? Un arc-en-ciel sur le drapeau qu’il avait amené avec lui. Pour autant, ledit arc-en-ciel n’avait rien à voir avec la communauté LGBTQI+ ou avec une quelconque action militante, puisque celui-ci est en réalité le drapeau du Pernambouc l’un des États fédérés du Brésil. Dans une suite de tweets, le journaliste explique qu’on l’a empêché de rentrer, puis que la sécurité s’est approchée pour lui prendre son téléphone afin de l’obliger à supprimer les vidéos qu’il avait enregistrées. Il assure que ces personnes “ont même ramassé le drapeau de Pernambuco, l’ont jeté par terre et ont marché dessus.” Une vidéo qu’il a été obligé de supprimer afin de partir.

Certains résistent

Malgré ces nombreux incidents, on remarque tout de même que certaines personnes tiennent bon face aux mesures absurdes de la Fifa et du Quatar. Ce lundi 21 novembre, Alex Scott, une ex-footballeuse reconvertie dans le journalisme sportif pour la BBC, a ainsi fait ce que tous les joueurs n’ont pas eu le courage de faire : porter le brassard One Love sur le terrain.

En couple pendant longtemps avec son ancienne coéquipière Kelly Smith, il lui paraissait évident de prendre position : « J’aime mon travail et quand je pense que je suis assise ici et que j’ai des conversations plus complexes, c’est le plus important, n’est-ce pas ? Nous parlons des travailleurs migrants, nous parlons de la communauté LGBT+, nous parlons des droits des femmes », déclare t-elle à la télévision anglaise.

Enfin, si le monde politique s’est montré très hésitant sur les questions des droits LGBTQI+ au Quatar, il y en a une qui, semble t-il, décide de prendre le taureau par les cornes et d’éviter toute ambiguïté : Helle Thorning-Schmidt, ex-Première ministre du Danemark, est arrivée dans les tribunes du stade vêtue d’une robe aux couleurs arc-en-ciel, que les autorités n’ont apparement pas osé lui interdire.

Un geste fort et politique, qui a le mérite d’amener un peu de bravoure et de raison durant cet évènement très contrôlé.