Tuerie au club Q : le tireur devrait répondre de meurtres aggravés d'homophobie

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L'homme qui a ouvert le feu dans une boîte LGBT de Colorado Springs, dans l'ouest des Etats-Unis, faisant cinq morts dans la nuit de samedi à dimanche, pourrait être poursuivi pour meurtres et crimes motivés par la haine.

Vue du Club Q à Colorado Springs - Capture d'écran / Streetview Google Maps
Vue du Club Q à Colorado Springs - Capture d'écran / Streetview Google Maps

Suspecté d’avoir tiré sur la foule du Club Q à l’aide d’un fusil d’assaut avant d’être maîtrisé par deux clients, Anderson Lee Aldrich, 22 ans, arrêté et toujours à hôpital selon la police, n’a pas encore été formellement inculpé.

Pourraient s’ajouter aux chefs d’accusation de meurtres, ceux de crimes motivés par la haine visant une minorité sexuelle, a indiqué lundi 21 novembre sur CNN Michael Allen, procureur du comté d’El Paso, où est situé Colorado Springs.

“Nous pourrions utiliser le fait que ces victimes étaient dans un lieu spécifique, surtout fréquenté par des membres de la communauté LGBTQ, pour avancer vers des chefs d’accusation de crime motivé par la haine, mais nous cherchons d’autres éléments”, a-t-il déclaré.

Le suspect a été effectivement arrêté dimanche pour suspicion de meurtres et de crimes motivés par la haine, selon des documents judiciaires dévoilés lundi par le Denver Post.

Dans cette ville de l’Etat du Colorado aux portes des Rocheuses, des bouquets de fleurs, des bougies et des pancartes arborant des messages “L’Amour plutôt que la Haine” jonchaient le sol près du Club Q, témoignant du choc et de la consternation provoquée par cette fusillade, une de plus dans cette Amérique régulièrement frappée par des massacres à armes à feu.

Dix-sept personnes ont été blessées par balles, a précisé la police lundi dans un communiqué, auxquelles s’ajoute un autre blessé, ainsi que des “victimes sans blessures visibles”.

Il était peu avant minuit, dans la nuit de samedi à dimanche. Un spectacle de drag-queens venait d’avoir lieu pour marquer la Journée du souvenir trans (TdOr), dédiée aux victimes de violences transphobes et célébrée internationalement le 20 novembre, quand l’horreur est entrée au Club Q.

Héros

“J’ai levé les yeux et vu l’ombre d’une personne de haute taille qui tenait un fusil. J’ai bien vu le fusil”, a raconté à l’AFP Michael Anderson, barman de l’établissement. “Rafale après rafale. C’était absolument terrifiant.”

“J’ai plongé derrière le bar. Du verre volait partout autour de moi, comme s’il y avait des balles qui brisaient les bouteilles et tout ce qui se trouvait là”, a-t-il poursuivi.

Le massacre, qui n’a duré que quelques minutes, a pris fin grâce à l’intervention héroïque de deux personnes qui se sont battues avec le suspect, selon la police.

Un homme a notamment saisi le fusil du tireur puis l’a frappé avec avant de le plaquer au sol, a raconté au New York Times le maire de Colorado Springs, John Suthers. “Tout est arrivé très vite. L’individu a été totalement maîtrisé deux minutes après minuit”, a-t-il précisé. Arrêté, Anderson Lee Aldrich a été transporté à l’hôpital, où il se trouvait toujours lundi.

L’identité de ces deux héros était toujours inconnue lundi.

Un homme âgé de 21 ans et du même nom avait, près de Colorado Spring, menacé l’année dernière sa mère avec une bombe artisanale et plusieurs armes, a rapporté le bureau du shérif du comté d’El Paso.

Incompréhension

“C’était censé être notre refuge (…) Où sommes-nous supposés aller ?”, a lancé Joshua Thurman qui se trouvait sur la piste de danse du Club Q quand “il a entendu les tirs” et est parvenu à se mettre à l’abri dans les vestiaires.

Le président Joe Biden a appelé lundi le gouverneur du Colorado Jared Polis, premier gouverneur ouvertement gay élu aux Etats-Unis, qui s’était déclaré “horrifié et anéanti”.

Cette attaque survient six ans après la pire tuerie qu’ait connue la communauté LGBTQ aux Etats-Unis lorsqu’un Américain d’origine afghane avait tué 49 personnes dans une boîte gay d’Orlando en Floride.

Elle s’inscrit qui plus est dans un contexte de tensions politiques autour des questions trans, notamment pendant la campagne des élections américaines de mi-mandat.

“Lorsque les politiques et les experts continuent à faire circuler des clichés, des insultes et de la désinformation à propos de la communauté trans et LGBTQ, voilà le résultat”, a fustigé dimanche Brianna Titone, première législatrice trans élue à la Chambre des représentants du Colorado.