De trois à six mois avec sursis requis contre 17 cyberharceleurs du chanteur Eddy de Pretto

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La peine la plus lourde, six mois de prison avec sursis, a été requise à l'encontre de dix prévenus pour avoir envoyé des messages à caractère homophobe à l'artiste ou absents lors des audiences.

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Le parquet de Paris a requis vendredi 7 octobre des peines de trois à six mois de prison avec sursis contre dix-sept personnes jugées pour harcèlement aggravé en ligne contre le chanteur Eddy de Pretto.

La peine la plus lourde, six mois de prison avec sursis, a été requise à l’encontre de dix prévenus pour avoir envoyé des messages à caractère homophobe à l’artiste ou absents lors des audiences.

Le parquet a requis trois mois avec sursis contre quatre prévenus “ayant amorcé un début de réflexion sur les actes commis” et quatre mois pour trois “présents (à l’audience) sans aggravation des faits”.

Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 12 décembre.

Invité à donner un concert le 17 juin 2021 à l’Eglise Saint-Eustache à Paris dans le cadre d’un festival, Eddy de Pretto avait interprété son morceau A quoi bon, évoquant les difficultés à concilier son homosexualité et sa foi.

A l’issue de sa performance postée sur Instagram, il reçoit près de 3 000 messages d’insultes et de menaces de mort, comme l’a confirmé lundi à l’audience son avocat, Nicolas Verly.

“Provocation”, “crachat au visage” de “la religion historique de la France” , les prévenus âgés de 20 à 26 ans – qui ont déclaré à peine connaître Eddy de Pretto au moment des faits et revendiquent pour la plupart leur foi catholique – avaient exprimé leur indignation sur Instagram, soit en commentaire public sous la publication du chanteur soit directement à son attention, en message privé.

“Espèce de gigantesque fiotte”, “crève en enfer sale chien”, “gros sac à merde à souiller notre religion”, clamaient les messages.

“Je ne vois pas quel est le problème que je sois un sodomite qui chante dans une église”, avait lancé le chanteur lundi à la barre.

“J’ai eu très peur de sortir de chez moi, des troubles du sommeil, (…) des troubles dépressifs, j’arrivais pas à comprendre cette violence”, a t-il indiqué.

Dans son réquisitoire, la procureure a qualifié les messages adressés à Eddy de Pretto d’“abus à la liberté d’expression”.

“Vous auriez pu écrire, la communauté catholique est outrée, vous faites ça pour le buzz c’est indécent, nous allons mettre en oeuvre les moyens juridiques pour répondre à ce blasphème”, leur a t-elle a fait remarquer.

La représentante du parquet a par ailleurs rappelé qu’en France, “le blasphème et les atteintes à la religion ne sont pas réprimés par le droit”.

Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe, la réduction des peines ou encore la non-inscription au casier judiciaire, certains remettant en cause la véracité sur certains des 3.000 messages reçus par l’artiste, la qualité de l’enquête “décevante” ou l’intelligence artificielle d’Instagram.