Au tribunal, les cyberharceleurs présumés d'Eddy de Pretto tentent de justifier leurs insultes à l'égard de l'artiste

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Ils se sont sentis "humiliés dans leur croyance" : des prévenus jugés pour le cyberharcèlement d'Eddy de Pretto ont tenté jeudi de justifier la vague d'insultes déversées sur le chanteur après un concert dans une église parisienne où il avait prononcé le mot "sodomite".

Eddy de Pretto
Eddy de Pretto (ici en 2018) - Melanie Lemahieu / Shutterstock

Ils se sont sentis “humiliés dans leur croyance”  : des prévenus jugés pour le cyberharcèlement d’Eddy de Pretto ont tenté jeudi de justifier la vague d’insultes déversées sur le chanteur après un concert dans une église parisienne où il avait prononcé le mot “sodomite”.

Invité à donner un concert le 26 juin 2021 à Saint-Eustache dans le cadre d’un festival, Eddy de Pretto avait interprété son morceau A quoi bon, évoquant les difficultés à concilier son homosexualité et sa foi. “Y avait même des sodomites, j’me souviens plus j’allais en OD” (overdose), avait, entre autres, chanté l’artiste.

Le torrent d’injures et de menaces homophobes qui s’en est suivi a conduit depuis lundi au tribunal 17 hommes âgés de 20 à 26 ans – étudiant, en recherche d’emploi ou effectuant des petits boulots sans antécédents judiciaires – qui revendiquent pour la plupart leur foi catholique.

“Provocation”, “crachat au visage” de “la religion historique de la France”, les prévenus – qui ont déclaré à peine connaître Eddy de Pretto au moment des faits – avaient laissé libre cours à leur indignation sur Instagram, soit en commentaire public sous la publication du chanteur soit directement à son attention, en message privé.

“Espèce de gigantesque fiotte”, “nous serons là à chaque date pour te rappeler que l’armée de Dieu ne laisse pas ce genre de blasphème impuni”, “gros sac à merde à souiller notre religion”, “à bas la République qui nous fabrique des sous-hommes de cette espèce”, clamaient les messages.

“Un cadre juridique” –

A la barre, Aristide P., 20 ans, dit avoir été choqué par le terme “sodomite”, qu’il assimile à “une tentative d’agression sexuelle envers un messager de Dieu”. Col roulé noir, moustache et barbichette bien taillées, celui qui achève ses études en informatique déclare s’être “senti humilié dans sa croyance, dans sa foi”.

Quand la procureure lui demande pourquoi il avait dit à un internaute, en privé, “si tu le croises (Eddy de Pretto), tu m’appelles”, le jeune homme minimise et nie toute volonté de s’en prendre physiquement à l’artiste.

Il voulait, affirme-t-il, poser un “cadre juridique”.

“Je pense réellement à la mise en place d’un cadre, pas d’une agression. Nous les chrétiens, on est des croyants pacifiques, mettre un cadre c’est ce qui marche dans notre société. Je voulais proposer quelque chose à faire en lien avec le droit, la défense de notre société”, assure-t-il, sans convaincre l’accusation.

“Je ne vois pas ce qui, dans votre propos, parle d’une défense juridique”, lui rétorque alors la procureure.

Quatre des 12 prévenus présents à l’audience ont toutefois tenu à présenter leurs excuses à Eddy de Pretto.

L’un d’eux Mattéo D., 20 ans, est “non croyant” mais manifeste “une certaine affection pour le christianisme”. Il avait incité les Marseillais à se rendre à une séance de dédicace d’Eddy de Pretto prévue dans une Fnac, pour qu’il puisse “s’excuser” vis-à-vis de la religion catholique.

“Je regrette d’avoir envoyé ce message, dans l’état qui était le mien. A cette époque, j’étais déscolarisé, j’avais de gros problèmes de sommeil, psychologiquement, j’étais un petit peu à cran”, a-t-il déclaré.

Le procès doit durer jusqu’à vendredi 7 octobre.