Le règne d'Elizabeth II, de la répression homophobe au mariage pour tou·tes

Publié le

Durant ses sept décennies de règne, la reine Elizabeth II, morte jeudi 8 septembre, a vu des changements majeurs dans la vie de ses sujets LGBT, de la répression au mariage pour tous.

Elizabeth II en 2019 - Fred Duval / Shutterstock

Lorsqu’elle devient reine, le 6 février 1952, le Royaume Uni est la deuxième puissance mondiale mais pour les sujets LGBT de sa Majesté, la vie est loin d’être rose.

Depuis la fin du 19e siècle, les actes sexuels entre hommes restent illégaux et passibles de prison (l’homosexualité féminine n’est pas criminalisée).

Dans les années 50, comme c’est le cas dans de nombreux pays dévéloppés, la répression est plus forte contre les hommes gays. La police pratique à de nombreuses arrestations. La personnalité gay la plus célèbre est Alan Turing, mathématicien, qui a permis de décoder le code secret des nazis durant la Second Guerre mondiale. Arrêté en 1952, il est condamné à la « castration chimique » et il sera retrouvé mort empoisonné en 1954, certains parleront de suicide.

Il faut attendre 1967 pour que la loi soit abandonnée et on estime que durant la période 1885-1967, 100 000 personnes ont été arrêtées.

Mais la fin des discriminations n’est pas encore à l’horizon. L’âge de consentement est toujours fixé à 21 ans. Ce n’est qu’en 2004 que les différences entre les orientations sexuelles sont annulées.

La Reine a toujours suivi impeccablement la Constitution britannique, qui stipule que la souveraine est certes le chef de l’Etat mais qu’elle doit maintenir une neutralité politique abosolue. Elle ne donne jamais son opinion et ne se prêtera d’ailleurs jamais à l’exercice de l’interview.

C’est sous son règne, à partir de 2003, avec le passage de la loi sur le partenariat civil, que les droits des personnes LGBT ont pu évoluer, sous la pression des activistes et de la société.
En 2013, la reine Elizabeth II donne son assentiment au projet de loi sur le mariage (couples de même sexe), qui a ouvert la voie pour que le mariage des couples de même sexe devienne une réalité en Angleterre et au Pays de Galles.

C’est aussi en 2013, le  la reine Élisabeth II signe un acte royal de clémence (pardon) d’Alan Turing, sur proposition du secrétaire d’État à la Justice Chris Grayling qui déclare que c’était une condamnation « que nous considérerions aujourd’hui comme injuste et discriminatoire.  »
Lors du discours de la reine en 2017, Elizabeth a déclaré : « Mon gouvernement fera de nouveaux progrès pour lutter contre l’écart de rémunération entre les sexes et la discrimination à l’égard des personnes en raison de leur race, de leur religion, de leur sexe, de leur handicap ou de leur orientation sexuelle. Selon le site PinkNews, c’est la première fois depuis 2003 qu’Elisabeth II mentionne explicitement les droits LGBTI+.

On ne saura sans doute jamais qu’elles étaient les vues de la Reine sur les personnes LGBT. Quels qu’aient pu être ses opinions en la matière, la reine n’avait aucun pouvoir de faire la loi, elle ne votait même pas et elle ne pouvait qu’approuver les lois qui lui sont présentées. En 2016, et pour la première fois, à l’occasion du quarantième anniversaire de la London Lesbian & Gay Switchboard (LLGS), une ligne d’écoute et de soutien, la monarque a envoyé les mots suivants, rapportés par Gay Star News : « Mes meilleurs vœux et mes félicitations à toutes les personnes concernées à l’occasion de cet anniversaire exceptionnel ». 

Sous son règne, de nombreuses personnalités LGBT ont été honorées par la Reine dont le chanteur Elton John, anobli en 1998, et qui lui d’ailleurs rendu hommage en plein concert hier soir.

 

Sa dernière mention des droits LGBTI+ date de mai dernier, lorsqu’elle a annoncé, que l’interdiction de la thérapie dite de conversion serait une priorité pour le gouvernement britannique.

 

Mais dans de nombreux pays du Commonwealth, survivance de la colonisation, des lois répressives, inspirées de la loi britannique de 1885, sont toujours en vigueur, en particulier en Ouganda et au Ghana.