« Un signal inquiétant » : 145 eurodéputé·es appellent la Serbie à maintenir l'Europride

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Le président serbe Aleksandar Vucic a annoncé samedi 27 août l'annulation de cette manifestation paneuropéenne, invoquant la montée des tensions au Kosovo voisin.

drapeau LGBTI+
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Dans une lettre commune, 145 eurodéputé·es, dont six vice-président·es du Parlement européen, ont demandé au président serbe Aleksandar Vucic de revenir sur sa décision d’annuler l’Europride prévue en septembre à Belgrade et de mobiliser des forces suffisantes pour en garantir la sécurité.

Le président serbe Aleksandar Vucic a annoncé samedi 27 août l’annulation de cette manifestation paneuropéenne, invoquant la montée des tensions au Kosovo voisin. Son gouvernement avait précisé que les conditions n’étaient pas réunies pour un “déroulement en toute sécurité” et que “certains groupes extrémistes pourraient profiter et abuser de cet événement”.

Les organisateurs de l’Europride 2022 – une semaine de festivités et conférences prévue du 12 au 18 septembre à Belgrade avec une marché des fiertés l’avant-dernier jour – ont aussitôt contesté cette décision, dénonçant une “violation de la Constitution” et assurant que l’évènement aurait bien lieu.

“Nous sommes conscients qu’il existe des menaces pour la sécurité des manifestants, mais nous maintenons que l’interdiction pure et simple n’est pas la bonne solution”, ont réagi les eurodéputé·es dans leur lettre, signée par les présidents des groupes politiques Renew (libéraux), S&D (sociaux-démocrates), Verts et Gauche radicale.

“La situation des contre-manifestations anti-LGBTIQ, souvent violentes, n’est malheureusement pas nouvelle (…). Si besoin, davantage de policiers devraient être déployés”, ont-ils insisté, estimant que c’est une obligation de la Serbie au regard des règles du Conseil de l’Europe (organisation de défense des droits humains réunissant 46 Etats).

La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a déjà condamné dans le passé une décision polonaise visant à interdire une Pride, mais aussi “le fait de ne pas protéger les manifestants pacifiques lors de manifestations telles que les Marches des fiertés”, rappelle la lettre.

Estimant que le président serbe a “cédé à la pression de groupes d’ultra-droite, religieux orthodoxes et pro-Russes”, l’eurodéputé Pierre Karleskind, vice-président de l’intergroupe LGBTI+ du Parlement européen, a dénoncé “un signal particulièrement inquiétant”.

“Qu’un pays candidat à l’UE aille à l’encontre de droits aussi fondamentaux que ceux de rassemblement et de manifestation est tout simplement inacceptable”, a-t-il estimé dans un communiqué.

La délégation de l’UE en Serbie avait réclamé samedi “des clarifications” au gouvernement serbe, disant “regretter” l’annonce de l’annulation.

Des milliers de fidèles orthodoxes ont au contraire défilé dimanche à Belgrade contre tout maintien éventuel de l’Europride, l’évêque Nikanor de l’Eglise orthodoxe serbe évoquant devant eux une “profanation de notre pays, de notre Eglise et de notre famille”.