Jusqu'à 20 ans de prison requis contre deux ex-légionnaires pour séquestration et viol

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Jusqu'à vingt ans de prison ont été requis mercredi 18 mai devant les assises des Bouches-du-Rhône contre deux anciens légionnaires pour la séquestration et le viol d'un militant algérien LGBT, en 2017, dans une chambre d'hôtel à Marseille.

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Justice - Ppictures

Jusqu’à vingt ans de prison ont été requis mercredi 18 mai devant les assises des Bouches-du-Rhône contre deux anciens légionnaires, un Irlandais et un Chilien, pour la séquestration et le viol d’un militant algérien LGBT, en 2017, dans une chambre d’hôtel à Marseille.

“Graham Shrubb a commis les faits les plus graves et a été le moteur des violences”, a expliqué l’avocat général, Christophe Raffin, en demandant 18 à 20 ans de réclusion criminelle contre l’ex-soldat irlandais.

Le magistrat a par contre requis une peine de huit à dix ans de prison contre Alejandro Salazar, 29 ans, qui n’aurait pas participé au viol. Au moment des faits celui-ci venait de déserter de la légion. Qualifié de “meneur” et de “tête brûlée”, Graham Shrubb, 35 ans, avait lui été renvoyé de la légion pour son addiction à la cocaïne et des épisodes de violence.

Les deux anciens militaires, échoués à Marseille, avaient convié Zak Ostmane dans leur chambre d’hôtel, le 5 mars 2017, après l’avoir croisé dans un bar du Vieux-Port. Séquestré durant deux jours, attaché à une chaise, tabassé, couvert d’insultes homophobes et racistes puis violé, celui-ci avait finalement retrouvé la liberté après avoir appelé au secours un équipage de policiers municipaux de passage dans la rue.

Aujourd’hui âgé de 42 ans, ce militant algérien pour les droits des personnes LGBT en Afrique du Nord et au Moyen Orient avait obtenu le statut de réfugié en 2014 après avoir fui l’Algérie.

Si Graham Shrubb a reconnu les violences et les vols subis par la victime, il a toujours nié le viol. Interrogé sur les raisons qui pousseraient Zak Ostmane à l’accuser, l’ancien légionnaire a évoqué “une grosse opération publicitaire” : “Ce mec essaie de se promouvoir. Il a écrit un livre et il cherchait à se faire de la pub”, a-t-il avancé devant la cour, incapable d’expliquer comment son sperme a pu se retrouver sur le caleçon porté par la victime.

Graham Shrubb a expliqué son déchaînement de violences par des attouchements de Zak Ostmane, qui aurait également tenté de l’embrasser. Des faits que ce dernier a toujours contestés.

“Je n’aime pas être touché par les hommes, j’ai perdu le contrôle et je l’ai frappé. C’est à cause de ce que j’ai subi dans l’enfance”, a déclaré l’Irlandais, évoquant des abus sexuels dont il aurait été victime dans son enfance de la part de son entraîneur de boxe.

Une vidéo de la séquestration de Zak Ostmane avait été tournée par Alejandro Salazar et envoyée à l’ancienne compagne de Graham Shrubb. Entendue en visioconférence depuis le commissariat d’Ennis en Irlande, cette femme était toujours en pleurs, cinq ans après les faits, à l’évocation de cette vidéo qu’elle avait aussitôt effacée.

A distance, elle a témoigné avoir vu la victime en sang, attachée à une chaise, que les deux hommes menaçaient : “Dis leur que tu es gay !”

Défenseur de SOS homophobie, partie civile au procès, Me Philippe Chaudon n’a pas écarté l’hypothèse de “deux légionnaires en déshérence, virés de la légion, qui se disent : “ Tiens, si on allait casser du pédé ””.

La cour, dont le verdict est attendu dans la soirée, aura à se prononcer sur la circonstance aggravante d’homophobie liée au viol et aux violences.