Emmanuel Macron et Marine Le Pen : quels sont les programmes des deux finalistes en matière de droits LGBTI+ ?

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Avec respectivement  27,6% et 23,4% des voix, Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont arrivés en tête du premier tour de l’élection présidentielle et se sont ainsi qualifiés pour le second tour qui aura lieu dimanche 24 avril. Komitid revient sur les propositions des deux candidats en matière de droits LGBTI+.

Emmanuel Macron et Marine Le Pen
Emmanuel Macron et Marine Le Pen - Shutterstock

EMMANUEL MACRON

Dans le programme d’Emmanuel Macron, aucune mention des questions LGBTI+.

Toutefois, lors d’un interview accordée à Brut, vendredi 8 avril, il a affirmé être défavorable à ce que les questions d’orientation sexuelle et de genre soient traitées à l’école. « Je ne suis pas favorable à ce que ce soit traité à l’école primaire, je pense que c’est beaucoup trop tôt.  Je suis sceptique sur le collège  », a-t-il déclaré.

Interrogé sur l’autorisation de la GPA en France le 17 mars dernier à Aubervilliers lors de la conférence de presse de présentation de son programme, le Président de la République a réaffirmé son opposition à cette idée.

« Sur la GPA, je n’ai absolument pas changé d’avis : je continuerai de proscrire cette pratique. Je considère que c’est une question de dignité des femmes et de leur corps, et je considère que la pratique de la GPA n’a pas à avoir en cours en France. ».

Deux grandes avancées : la PMA pour toutes et l’interdiction des ” thérapies de conversion ” 

Après cinq années passées au pouvoir, le bilan du chef de l’État en matière de droits LGBTI+ compte notamment l’ouverture de la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes ainsi que l’interdiction des « thérapies de conversions ».

La PMA pour toutes a été votée le 29 juin 2021. Elle est à présent autorisée et prise en charge pour toutes les femmes, qu’elles soient en couple ou célibataires, mais les personnes trans en sont exclues.

Le 31 janvier 2022, la loi interdisant les pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne a été promulguée.

Le texte inscrit notamment dans le code pénal une nouvelle infraction qui punit « les pratiques, les comportements ou les propos répétés visant à modifier ou à réprimer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, vraie ou supposée, d’une personne et ayant pour effet une altération de sa santé physique ou mentale ».

Les peines encourues sont deux ans de prison et 30 000 euros d’amende. Elles pourront être portées à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende dans certaines circonstances, en particulier si la victime est mineure ou vulnérable ou si les faits sont commis par un ascendant ou sur internet.

Droits LGBTI+ en 2017

A la veille de son élection en 2017, lors de son discours à la Villette, Emmanuel Macron avait défendu les « filiations différentes ».

« Il y a en France plein de familles, il y a des couples de mêmes sexes et des couples de sexe différents. Il y a des filiations différentes et il y a beaucoup d’amour. C’est pour cela que je défendrai ce qui a été fait durant ce quinquennat, que je protégerai toutes les familles », avait-il déclaré en ajoutant « deux hommes qui s’aiment et ont des enfants c’est aussi une famille. Des femmes qui s’aiment et qui ont des enfants c’est aussi une famille ».

MARINE LE PEN 

Dans le programme de Marine Le Pen, la question des droits LGBTI+ est évoqué dans un seul des 17 dossiers thématiques.

Dans celui consacré à la famille, la candidate du Rassemblement National défend un « moratoire de trois ans sur les sujets sociétaux ». Ce moratoire n’empêchera pas la « stricte application de la loi » c’est-à-dire l’interdiction de la GPA qui, pour Marine Le Pen, se fonde sur « la marchandisation du corps des femmes ».

Aussi, la candidate d’extrême droite souhaite renforcer cette interdiction pour éviter des « contournements de la loi », en ayant recours à des filières étrangères. Pour cela, elle refusera de reconnaître la filiation des enfants nés à l’étranger par GPA.

Ecole : « laissez les enfants tranquilles »

A ce programme limité sur les questions LGBTI+, il faut ajouter les prises de positions publiques de la candidate d’extrême-droite.

Dans une interview accordée le 4 avril dernier au média Familles Chrétiennes, la candidate a affirmé son opposition à l’intervention à l’école d’associations sur le thème de la sexualité. « Je veux qu’on laisse les enfants tranquilles, qu’on leur laisse le temps de grandir. L’école est là pour transmettre les savoirs, la sexualité ne relève pas de sa responsabilité ».

En juin 2021, interviewée sur France Inter au sujet d’une loi interdisant la promotion de l’homosexualité en Hongrie, elle avait utilisé la même rhétorique : « il ne faut faire la promotion d’aucune sexualité auprès des mineurs. Laissons les mineurs tranquille ».

Elle avait par ailleurs estimé que les droits LGBTI+ n’étaient « pas respectés dans toute une série de zones de non-droit en France ».

Une opposition à la PMA

Toujours en juin 2021, la candidate RN, également députée, avait voté contre la loi bioéthique, permettant notamment aux femmes célibataires et aux couples de femmes d’accéder à la Procréation Médicale Assistée (PMA).

Mariage pour Tous : « on ne peut pas forcer un maire à célébrer un mariage »

Enfin, en plein débat sur le Mariage Pour Tous, elle avait déclaré que le maire devait avoir le droit d’enclencher sa liberté de conscience et de refuser de marier un couple de même sexe, dans une interview accordée à Jean-Jacques Bourdin, le 23 novembre 2012.

« C’est une sorte d’objection de conscience. Il refuserait d’accomplir certains actes qui vont à l’encontre d’impératifs religieux, moraux et éthiques », avait elle déclaré avant d’ajouter « on ne peut pas forcer un maire à célébrer un mariage ».

 

Le second tour de l’élection présidentielle aura lieu le dimanche 24 avril.