La guerre en Ukraine rebat les cartes de l’accueil des réfugié·es LGBTI+ en France

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Selon les derniers chiffres, près de quatre millions d’Ukrainien·nes ont quitté leur pays depuis le 24 février et l’invasion russe de l’Ukraine. Parmi ces réfugié·es, près de 30 000 sont arrivé·es en France dont certain·es appartiennent à la communauté LGBTI+.

Horst-Koenemund / shutterstock
Horst-Koenemund / shutterstock

Le 2 mars dernier, pour la première fois depuis sa création, la « directive européenne relative à la protection temporaire » a été activée afin d’aider rapidement toute personne fuyant la guerre en Ukraine. Le texte, adopté en 2001 après le conflit en Ex-Yougoslavie, n’avait jamais été utilisé jusque-là.

Une protection temporaire pour les réfugiés ukrainiens

Cette « protection temporaire », approuvée par le Conseil des ministres de l’intérieur des Etats membres de l’Union Européenne octroie automatiquement aux réfugié·es ukrainien·nes une autorisation de séjour de six mois, renouvelable jusqu’à trois ans. Elle leur accorde également le droit de travailler, d’accéder à l’enseignement public et aux soins médicaux.

Parmi les 30 000 ukrainien·nes réfugié·es en France, il est difficile de connaitre le nombre de personnes LGBTI+. Interrogée à ce sujet, Aude Le Moullec-Rieu, présidente de l’ARDHIS (Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l’immigration et au séjour), affirme que la situation reste encore très floue.

A deux exceptions près, l’association a été pour l’instant très peu sollicitée a-t-elle confié à Komitid. Ne bénéficiant pas de la protection temporaire européenne, seul·es les étudiant·es étranger·es ne pouvant pas rentrer dans leur pays et les réfugié·es demandeur·ses d’asile en Ukraine se tournent vers les associations LGBTI+ pour le moment.

Entre crainte et vigilance

« La crainte des associations était que les personnes ukrainiennes soient priorisées », explique la présidente de l’ARDHIS à Komitid. Même s’il semble que cela ne soit pas le cas, elle affirme que l’association « reste vigilante à ce sujet ».

La Russie scrutée

Pour  Aude Le Moullec-Rieu, « il y a un climat délétère qui touche aussi les personnes LGBTQI+ en Russie », alors que le pays connaît depuis plusieurs années une montée de la LGBTphobie d’Etat.

L’association, qui accompagne chaque année entre 600 et 1000 personnes dont 100 couples binationaux, porte également une « attention particulière aux LGBTQI+ fuyant la Russie ».

Les demandeur·ses d’asile LGBTI+ particulièrement précaires

Aujourd’hui, plus de la moitié des demandeur·ses d’asile en France ne sont pas hébergé·es par l’Etat. Leurs conditions d’accueil sont souvent « indignes », particulièrement pour les personnes LGBTI+ qui sont également victimes de discriminations.

Le plus souvent des hommes isolés, les réfugié·es LGBTI+ ne peuvent pas toujours compter sur le soutien de leur diaspora une fois arrivé·es en France.

Alors que le premier ministre Jean Castex a annoncé l’ouverture de 100 000 places d’hébergement d’urgence le 22 mars dernier, Aude estime que cette déclaration montre que « quand on veut, on peut ».

La crise ukrainienne met en lumière deux revendications depuis longtemps formulées par les associations LGBTI+. A savoir, l’ouverture de la protection temporaire aux réfugié·es après un conflit et l’abolition de la liste des pays sûrs.

En droit d’asile européen, un pays d’origine sûr est le nom donné aux pays dont les ressortissant·es ne peuvent théoriquement pas bénéficier du statut de réfugié.

Dans cette liste apparaissent des pays comme l’Inde, la Géorgie, l’Albanie ou encore l’Arménie. Des pays où il est impossible pour les personnes LGBTI+ de vivre ouvertement leur sexualité ou leur identité selon l’association.