Katalin Novak, la première femme présidente en Hongrie est aussi profondément LGBTphobe

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Indéfectible soutien du premier ministre Viktor Orban, Katalin Novak a défendu mordicus la loi interdisant d'évoquer auprès des moins de 18 ans "le changement de sexe et l'homosexualité".

Katalin Novak Hongrie
Katalin Novak est la présidente de Hongrie - Twitter

Katalin Novak est devenue jeudi la première femme présidente de Hongrie, pays d’Europe centrale gouverné depuis douze ans par le souverainiste Viktor Orban dont cette fidèle était ministre de la politique familiale.

L’ex-ministre de 44 ans a recueilli 137 voix au sein du Parlement contre 51 pour son rival de l’opposition, l’économiste Peter Rona.

Pièce maîtresse du dispositif de M. Orban visant à défendre une vision traditionnelle de la famille, Katalin Novak a brandi ses valeurs dans un discours avant le vote.

“Nous, femmes, élevons les enfants, prenons soin des malades, cuisinons, il nous faut nous dédoubler, gagner notre vie, enseigner, gagner des prix Nobel”, a-t-elle déclaré.

“Nous connaissons le pouvoir des mots mais pouvons nous taire et écouter quand il le faut, et défendre nos familles avec un plus grand courage que les hommes si le danger guette”, a ajouté celle qui est la plus jeune à prendre cette fonction.

La responsable était arrivée au Parlement tout sourire avec son mari et ses trois enfants, une présence “qui compte beaucoup”, selon un message posté sur les réseaux sociaux.

Francophile

Sa désignation à ce poste essentiellement protocolaire intervient à moins d’un mois de législatives qui s’annoncent serrées pour le Fidesz, le parti de droite de M. Orban.

Les six partis de l’opposition, unis dans une alliance inédite, espèrent renverser le dirigeant régulièrement critiqué par la Commission européenne pour les atteintes portées depuis 2010 à l’Etat de droit.

Leur chef de file Peter Marki-Zay a jugé Katalin Novak “inapte” au poste de présidente du fait de sa proximité avec M. Orban.

Elle succèdera le 10 mai à Janos Ader, 62 ans, qui occupait la présidence depuis 2012.

Originaire de la ville de Szeged (Sud), diplômée en économie et en droit, passée par Sciences-Po Paris avant une formation à l’ENA (l’ancienne Ecole nationale d’administration en France), Mme Novak parle couramment le français et a été faite chevalier de la Légion d’honneur en 2019.

A l’automne dernier, elle était aux premières loges lors des visites à Budapest d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen, les deux candidats d’extrême droite à la présidentielle française.

Le magazine Forbes l’a présentée comme la femme la plus influente de la vie publique en Hongrie dans son nouveau classement.

Entrée comme simple fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères en 2001, Katalin Novak a ensuite élevé ses trois enfants en Allemagne, où travaillait son époux, avant de revenir lors de la victoire de Viktor Orban en 2010.

“Marionnette”

Nommée secrétaire d’Etat chargée de la Famille et de la jeunesse en 2014, elle obtient ses galons de ministre en 2020 dans un gouvernement ne comptant que trois femmes.

De confession protestante, elle avait suscité en 2020 la controverse en déclarant dans une vidéo que les femmes n’avaient pas besoin de “concurrencer constamment” les hommes dans la vie et de “gagner autant”.

Mme Novak a eu pour mission de mettre un terme au déclin démographique du pays, déclarant que la Hongrie ne veut “ni immigration, ni remplacement de population”.

A la tête de son ministère, elle a mis en place des politiques natalistes volontaristes qui, en redressant la courbe des naissances, n’ont pas foncièrement inversé la tendance.

Indéfectible soutien de Viktor Orban, Katalin Novak a défendu mordicus la loi interdisant d’évoquer auprès des moins de 18 ans “le changement de sexe et l’homosexualité”, qui a suscité un tollé à Bruxelles.

“En Occident, la propagande LGBT+ cible les jardins d’enfants et les écoles”, a-t-elle dit dans une interview, soutenant que les homosexuels ne doivent pas élever des enfants.

Face aux critiques concernant sa loyauté, elle s’insurge. “Maintenant qu’une femme accède à la présidence, on la traite de marionnette. Qu’est-ce, si ce n’est du mépris ?”, lâche-t-elle.