Sénégal : un chef religieux encourage « toutes les démarches légales » contre l'homosexualité

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Dans son communiqué, le khalife dit que « l'une des plus importantes finalités de l'islam consiste à préserver la progéniture et à protéger la société contre la corruption et la dépravation des mœurs ».

Serigne Mountakha Mbacké est un des plus hauts chefs religieux du Sénégal - DR

Un des plus hauts chefs religieux du Sénégal a déclaré vendredi « encourager » toutes les démarches légales contre l’homosexualité, après le rejet par le Parlement d’un texte durcissant la répression en la matière, dans ce pays très majoritairement musulman.

Dans un communiqué, le khalife général des mourides Serigne Mountakha Mbacké se garde d’évoquer le rejet de cette proposition de loi par l’Assemblée nationale.

Mais, écrit-il, « nous encourageons toutes les démarches légales visant à lutter contre ce crime odieux et dénonçons toute tentative pour le défendre ».

Le khalife général est à la tête de l’une des plus puissantes confréries religieuses qui caractérisent le Sénégal. Les mourides, d’obédience soufie (sunnite), et les autres confréries jouent un rôle prépondérant, spirituel et temporel sinon politique, dans la vie de ce pays musulman à près de 95 %. Les leaders de ces confréries sont très écoutés.

Dans son communiqué, le khalife dit que « l’une des plus importantes finalités de l’islam consiste à préserver la progéniture et à protéger la société contre la corruption et la dépravation des mœurs ».

Citant le Coran et la tradition, il parle de l’homosexualité comme d’une « turpitude » et de « crime envers le Créateur et contre l’humanité tout entière ». La tradition préconise une « punition sévère », dit-il, dénonçant « vigoureusement toute action » visant à promouvoir l’homosexualité.

La loi sénégalaise punit d’un à cinq ans de prison et d’une amende de 100 000 à 1 500 000 francs (152 à 2.286 euros) « quiconque aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe ».

Des voix réclament le durcissement de cette législation. Onze députés ont déposé en décembre une proposition en ce sens, portant les peines de prison à cinq à dix ans ferme et les amendes à un million à cinq millions de francs CFA (1 500 à 7 625 euros).

Outre l’homosexualité, la proposition visait « lesbianisme, bisexualité, transsexualité, intersexualité, zoophilie, nécrophilie et autres pratiques assimilées ».

Le Bureau de l’Assemblée nationale a déclaré mercredi ce texte « irrecevable » en invoquant le fait que le code pénal sénégalais réprime déjà « sévèrement » l’homosexualité.

Le gouvernement sénégalais invoque les spécificités culturelles sénégalaises pour refuser une dépénalisation de l’homosexualité.