Afghanistan : deux mois après la chute de Kaboul, qui se soucie encore du sort de la population ?

Publié le

Le 15 août dernier, il y a deux mois jour pour jour, les talibans prenaient le pouvoir à Kaboul, capitale de l’Afghanistan…

Une manifestation de la diaspora afghane à Ottawa (Canada), le 14 août 2021 - meandering images / Shutterstock

Le 15 août dernier, il y a deux mois jour pour jour, les talibans prenaient le pouvoir à Kaboul, capitale de l’Afghanistan. Face au danger pour leur vie de nombreux Afghans et Afghanes ont fui leur pays, certains par la voie des airs, d’autres à pied.

Le lendemain de cet événement tragique, Emmanuel Macron a expliqué : « Nous devons anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants », une formulation sans doute destinée à faire plaisir à tous les marchands de haine anti-immigration qui pullulent en ce moment, à quelques mois de la présidentielle.

S’il faut reconnaître que la France a accueilli des journalistes, des défenseurs des droits humains, des militant·es et des personnels afghans ayant travaillé avec les forces françaises dans le pays, il est clair aujourd’hui que dans l’hexagone, l’Afghanistan ne fait plus la une.

Certes, régulièrement, j’écoute des reportages sur le sort effrayant des femmes afghanes, soit la moitié de la population désormais privées des droits élémentaires par un pouvoir d’une misogynie crasse et mortifère.

Plus le temps passe, plus il devient clair que les talibans vont appliquer strictement la charia, ce qui aura pour conséquence de plonger dans la peur, les discriminations, voire la mort, des millions de personnes. Les femmes mais aussi les personnes LGBTI+ afghanes.

Mais deux mois après la chute de Kaboul qui se soucie encore du sort des ces populations ?

Fin septembre, dans un reportage de l’AFP que nous avions publié, Marwa* confiait : « Il n’y a aucun futur pour nous. Tout membre LGBT doit se préparer soit à une mort lente, par l’isolement, la faim, la tristesse, la dépression ou le stress, soit à être tué par les talibans ou des membres de sa famille »

« Les personnes LGBTQI sont les plus vulnérables dans le pays le plus dangereux », estime l’activiste et romancier étatusien d’origine afghane Nemat Sadat. 

 

Certain·es ont pu fuir vers le Pakistan ou embarquer sur les routes de l’exil. 

Mais une fois arrivé·es en Europe, le parcours d’un·e demandeur·euse d’asile est semé d’embuches.

Pour obtenir le statute de réfugié·e, il faut passer par l’étape du récit et du dévoilement de son homosexualité. Mais pour beaucoup, c’est encore très difficile comme l’explique Éric, un bénévole de l’ARDHIS au site National Geographic : « C’est une étape difficile car beaucoup d’Afghans sont toujours dans le tabou, y compris en France. […] Il y a toujours des réticences à parler, car ils ont extrêmement peur que d’autres Afghans, même en France, découvrent leur homosexualité. »

Le ministère des Affaires étrangères ne communique plus sur les évacuations ou les demandes d’asile en provenance d’Afghanistan. 

Pendant ce temps, les talibans font leur travail de sape des quelques avancées démocratiques obtenus dans un pays qui est passé en vingt ans de 20 à 40 millions d’habitants. Et pour le moment, rien ne semble devoir les arrêter.