Incidents pendant une manif anti-mariage pour tous en 2012 : non-lieu pour sept Femen et Caroline Fourest

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Elles étaient soupçonnées de « violences » et d'« exhibitions sexuelles » devant deux organisations opposées au mariage pour tou·tes en 2012 à Paris.

Elles étaient soupçonnées de « violences » et d’« exhibitions sexuelles » devant deux organisations opposées au mariage pour tous en 2012 à Paris : un non-lieu a été prononcé contre sept militantes Femen et la journaliste Caroline Fourest.

Dans une ordonnance de non-lieu rendue le 10 septembre dont l’AFP a obtenu copie, le juge d’instruction a écarté les infractions de « participation à une manifestation » avec arme, « exhibition sexuelle », « manifestation non déclarée » et « violences en réunion » visant les militantes et Mme Fourest.

Le parquet avait requis fin janvier le renvoi des Femen pour les deux premiers délits.

Le 18 novembre 2012, ces militantes s’étaient invitées à une manifestation organisée par l’institut Civitas, proche des catholiques intégristes, et l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne (Agrif), au début de la contestation contre la loi autorisant le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe.

Habillées en nonnes, les seins nus bardés de slogans anticléricaux et munies d’extincteurs peints en blanc portant notamment la mention « holy sperm » (saint sperme), une dizaine d’entre elles avaient perturbé la manifestation avant d’être violemment prises à partie, déposant ensuite une plainte pour « violences aggravées ».

Civitas et l’Agrif avaient également déposé plainte contre les Femen, leur reprochant des « violences » par l’utilisation des extincteurs. Une « défense » face à cette « agression » d’extrême droite, se défendirent plusieurs d’entre elles.

Sept Femen ont été mises en examen en 2015. La féministe Caroline Fourest, venue suivre les militantes pour un documentaire France 2, avait elle été placée sous le statut de témoin assisté.

Dans son ordonnance de non-lieu, le juge établit « la dimension symbolique de l’exhibition des extincteurs, aussi douteux qu’ait été le message véhiculé par ces contenants remplis de poudre blanche ».

« Aucun élément (…) ne permet d’établir que le dessein » des mises en cause « eût été de blesser ou de menacer » ou qu’elles aient « commis un acte de violence », indique-t-il.

« Incriminer » l’exhibition des Femen seins nus, « compte tenu de la nature et du contexte de l’agissement en cause, constituerait une ingérence disproportionnée dans l’exercice de la liberté d’expression au sens de l’article 10 de la CEDH (Cour européenne des droits de l’Homme, ndlr) », estime en outre le magistrat, reprenant une jurisprudence de la Cour de cassation de février 2020.

Me Valentine Rebérioux, avocate de cinq des Femen mises en cause, s’est félicitée auprès de l’AFP de ce « coup d’arrêt à neuf ans de procédure judiciaire insensée ».

La décision a été qualifiée en revanche de « totalement inacceptable et contraire à la réalité du dossier » par Jérôme Triomphe, avocat de l’Agrif, et de « déséquilibrée » par Me Elie Hatem, avocat de Civitas. Ils ont fait appel.

Sept agresseurs des Femen lors de la manifestation, dont un ex-colonel de l’armée et Logan Djian, un militant d’extrême droite, avaient été condamnés pour ces faits à des peines de prison avec sursis ou des amendes.

Avec l’AFP