3 questions à Francis Carrier de l'association Grey Pride

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Un premier appartement en colocation pour séniors LGBTI+ a vu le jour dans la capitale. Francis Carrier, le président fondateur de Grey Pride, l'association à l'origine du projet, nous en dit plus.

Luc Anberrée (au centre) et deux de ses colocataires lors de leur emménagement en juillet 2020 - Photo Luc Anberrée

L’association Grey Pride, qui vise à améliorer la vie des séniors LGBTI+ et à lutter contre les discriminations, fait feu de tout bois depuis sa création. Grey Pride a été nommée par le Conseil d’Etat à la CNSA, branche autonomie de la sécurité sociale et vient de lancer, dans deux Ehpad parisiens le label « GreyPride Bienvenue » pour la prise en compte de la diversité, des besoins affectifs et sexuels des personnes âgées.

Aujourd’hui, c’est un autre projet mis en chantier depuis plusieurs mois qui se pérennise. Un appartement en colocation pour séniors LGBTI+ dans la capitale. Francis Carrier, le président fondateur de Grey Pride, nous en dit plus.

 

 Komitid : Comment est né ce projet de colocation pour séniors LGBT ?

Francis Carrier : L’idée a germé avec Christophe Mathias (membre des ActupienNes, ndlr) de bâtir un projet car il avait connaissance de grands appartements disponibles à la RIVP. Le constat de l’isolement des vieux/vieilles LGBT+ et la difficulté de se loger sur Paris était un constat que nous avions déjà fait. Nous avons donc contacté Ian Brossat, adjoint à la Maire en charge du logement, et la RIVP, un bailleur social, pour voir si créer une colocation de vieux LGBT était possible. Par la suite nous avons organisé des speed dating pour favoriser des rencontres de futures locataires pour initier un groupe. L’idée de base est de faire une co-location affinitaire, les gens se choisissent pour vivre ensemble, et non pas un projet communautaire.
Cela permet de proposer un autre choix de vie qui pour la plupart de temps oscille entre vivre seul chez soi (dans Paris quand on a les moyens) ou se retrouver dans un lieu collectif avec des personnes avec qui on n’a pas d’affinités.

Concrètement, comment cela fonctionne-t-il, en particulier pour les résidents ?

Les locataires ont une sous-location (le bailleur principal est Basiliade) et peuvent bénéficier des aides au logement classique. Ils se mettent d’accord sur une réglement intérieur qu’ils élaborent ensemble la logique étant de créer une vie communautaire qui ne se limite pas à une colocation. C’est un projet de vie sur le long terme qui nécessite une solidarité entre les résidents.

Grey Pride a-t-elle d’autres projets et d’autres chantiers en cours pour aider les séniors LGBT à mieux vivre ?

Nous avons essayé sur le même modèle de créer un groupe de femmes. Mais pour l’instant le groupe ne s’est pas constitué. Et il quatre autres seniors hommes qui sont bien avancés dans leur projet de vie en commun. Quand ils se déclareront nous prendrons contact avec les bailleurs sociaux et la Ville de Paris pour trouver l’appartement ad-hoc. L’idée est aussi de pouvoir déployer ce modèle dans d’autres villes.