Bénir des couples de même sexe : « pourquoi pas ? », dit un influent évêque allemand

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« Si des homosexuels demandent quelques bénédictions, pourquoi pas ? », a commenté vendredi 11 juin un évêque allemand qui venait d'être reçu par le pape François au Vatican, au sein d'une délégation de la Commission des épiscopats de l'Union européenne (Comece).

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Le pape accompagné de prêtres - haak78 / Shutterstock

Franz-Josef Overbeck, évêque d’Essen (ouest de l’Allemagne) et un des vice-présidents de la Comece, juge que la pratique de bénir des couples de même sexe est largement répandue chez les prêtres allemands.

Mi-mars, la Congrégation pour la doctrine de la foi (l’ex-Inquisition gardienne de la foi au Vatican) avait toutefois publié une note dans laquelle elle réaffirmait considérer l’homosexualité comme « un péché » et confirmait l’impossibilité pour les couples de même sexe de recevoir le sacrement du mariage.

Voici un mois, 110 églises communales réparties dans toute l’Allemagne avaient organisé des cérémonies de mariage ouvertes « à tous ceux qui s’aiment  », homosexuels ou hétérosexuels.

« Nous sommes une Église pastorale pour tous ses membres, également pour les homosexuels. S’ils demandent quelques bénédictions, pourquoi pas ? », a déclaré à la presse Mgr Overbeck.

Si l’évêque ne pratique pas lui-même de telles célébrations, ses propos laissent entendre qu’il ne sanctionnera pas les prêtres dérogeant à une règle pourtant approuvée par le pape. « Le pape est un pape pastoral, il nous a dit qu’il faut faire ce qui sert aux gens, alors on le fait », estime le prélat allemand, pour qui l’Église doit considérer des changements de doctrine en matière de célibat et de mariage.

Il y a urgence, selon lui, car « les vocations de prêtres ont diminué jusqu’au point zéro, pas seulement en Allemagne mais aussi dans toute la culture occidentale ». Dans son diocèse d’Essen, depuis une douzaine d’années, seuls un ou deux prêtres sont ordonnés tous les ans, pour 20 à 30 décès.

« Il y a peut-être quelques hommes bien éduqués, également mariés, qui pourraient faire ce service sacerdotal. C’est le cas dans les Églises orthodoxes qui ont des prêtres mariés », argue le prélat, qui écarte tout « schisme » potentiel au sein d’une Église allemande écartelée entre progressistes et conservateurs.

À ses côtés, le cardinal Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg et président de la Comece, s’est montré plus prudent, tout en tendant la main aux personnes gays ou lesbiennes.

« Si c’est une bénédiction nuptiale non, car nous tenons au mariage entre homme et femme. Mais quand je suis avec des jeunes, et naturellement certains sont homosexuels, (…) je pense à l’attitude pastorale qui est de toujours considérer la meilleure chose possible, pas la meilleure chose abstraite », déclare-t-il. Or « nous sommes là pour aider l’homme, nous devons faire attention à ne pas discriminer  ».

Avec l’AFP