Vietnam : Luong The Huy, premier candidat gay au parlement, veut être un porte-voix

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À 32 ans, ce brillant juriste et militant LGBTI+ est déterminé à conduire un changement durable pour les communautés marginalisées au Vietnam.

Luong The Huy, premier candidat gay au Parlement vietnamien - Vidéo Youth Speak / Youtube

Brillant juriste et militant LGBTI+, Luong The Huy est le premier candidat ouvertement gay a briguer un siège au parlement vietnamien, dont l’élection se tient dimanche.

À 32 ans, il est déterminé à conduire un changement durable pour les communautés marginalisées au Vietnam, même si dans ce régime communiste, les député·es ne font qu’enregistrer les décisions prises par les instances du parti unique.

Autre signe distinctif, il est l’un des neuf seuls candidats à se présenter sans l’étiquette communiste, en indépendant, ce qui est déjà un exploit.

Faire inscrire son nom sur un bulletin de vote n’est pas été une mince affaire, tant le processus de validation de candidature est compliqué au Vietnam.

Ce premier objectif atteint, Luong The Huy sait clairement ce qu’il entend désormais accomplir.

« Je veux que les voix des gens soient entendues », a-t-il déclaré à l’AFP, assis dans son bureau de Hanoï à côté d’une affiche proclamant que « Les droits de l’homme sont pour tout le monde ».

Il est à la tête d’une ONG locale de défense des droits des personnes LGBTI+, iSEE, et se bat depuis une dizaine d’années pour améliorer la vie de la communauté LGBTI+ dans son pays.

Une fois, il s’est adressé à une session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies et a été classé par le magazine Forbes comme l’un des jeunes Vietnamiens les plus inspirants.

Malgré tout, cet ancien boursier de l’Université de Californie juge son influence en tant que militant limitée, l’opacité du système politique vietnamien lui interdisant de porter ses propositions auprès des gens qui comptent.

« Si je deviens membre de l’Assemblée nationale, ce chemin sera plus court, plus facile et plus pratique pour les groupes communautaires que nous servons », explique-t-il.

Le Vietnam est considéré comme relativement progressiste sur les questions LGBTI+, par rapport à certains autres pays d’Asie.

Si l’interdiction du mariage des couples de même sexe a été officiellement levée en 2015, la loi reconnaissant légalement une telle union se fait encore attendre.

Tout comme une loi, promise depuis longtemps, légalisant les changements de genre.

« Le premier mais pas le seul »

Dans les écoles, la désinformation sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre est répandue et certains enfants apprennent à la fois par les enseignants et les parents que l’homosexualité est une maladie mentale, selon un rapport de Human Rights Watch publié l’année dernière.

« Certaines personnes ont du mal à accepter qu’une personne de la communauté LGBT minoritaire les représente dans un organe législatif puissant », admet-il.

« Il y a eu des commentaires (négatifs) sur moi personnellement, sur mon apparence et sur mon orientation sexuelle. »

Vote des milleniaux

Alors qu’il comptait sur le vote des milleniaux et de la génération Z, Luong The Huy a été surpris de voir beaucoup d’adultes plus âgés le soutenir.

Certains lui ont envoyé un message en privé, tandis que d’autres ont ouvertement déclaré leur soutien sur les réseaux sociaux.

« Soudain, j’ai réalisé que mon réseau de soutien n’était pas aussi limité que je le pensais », dit-il « J’ai vraiment franchi un pas auprès d’un public plus large. »

Dimanche, les candidats aux législatives vont se disputer l’un des 500 sièges du parlement, qui est toujours dominé par des membres du Parti communiste.

Mais Luong The Huy pense qu’il peut être en mesure d’apporter un réel changement pour beaucoup de Vietnamiens, délaissés par la classe politique.

« Je suis peut-être le premier (gay à briguer un siège) mais j’espère que je ne serai pas le seul » à l’avenir, dit-il.

« Les gens continueront à parler du premier candidat gay, quel que soit le résultat (du scrutin). Mon histoire sera un exemple pour ceux qui, à l’avenir, pourront accomplir encore plus que moi. »

Avec l’AFP