Des associations se mobilisent pour les droits à la santé des personnes trans en Afrique

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De nombreuses associations alertent sur les effets néfastes de la stigmatisation, des discriminations et des violences sur la santé des personnes trans en Afrique.

drapeau trans
Le drapeau trans - Ink Drop / Shutterstock

Le 31 mars est la Journée mondiale de la visibilité trans. De nombreuses associations alertent sur les effets néfastes de la stigmatisation, des discriminations et des violences sur la santé des personnes trans en Afrique. Elles sont regroupées sous la bannière de l’Alliance globale des communautés pour la santé et les droits (AGCS PLUS), déployée dans dix pays d’Afrique francophone et membre du réseau international de lutte contre le sida et les hépatites Coalition Plus.

Selon le communiqué d’AGCS Plus et Coalition Plus, publié le 30 mars, les personnes trans sont particulièrement vulnérables et exposées aux IST et au VIH. Selon certaines études, même parcellaires, la prévalence de l’infection à VIH est très élevée dans la communauté trans : une personne trans sur six infectée au Bénin et une personne sur cinq en Côte d’Ivoire.

Autre énorme difficulté : les programmes de prévention et d’accès aux soins n’ont pas de volet spécifiquement dédiés aux personnes trans, ce qui aggrave encore leur situation.

Les discriminations et la stigmatisation demeurent très fortes. Selon une étude réalisée en Côte d’Ivoire auprès des personnes trans, « 88 % des participant·es ont déclaré avoir été victimes de harcèlement et de pression psychologique (injures, railleries). Ces violences peuvent parfois aller jusqu’à l’atteinte à l’intégrité physique (52,7 %) ou aux violences sexuelles (29,9 % pour les femmes trans et 13.6 % pour les hommes trans). »

Au Togo, l’association UNITY a récolté pas moins de 23 cas de violences faites aux personnes trans lors du dernier trimestre de l’année 2020 : 15 actes de violences psychologiques, 8 actes de violences économiques et 5 actes de violences physiques.
Dans certains cas, rappellent les associations, les actes de violences subis par les personnes trans ont lieu dans les formations sanitaires et du personnel médical en est responsable.

Au Cameroun par exemple, 51 % des personnes trans déclarent avoir été victimes d’une rupture de la confidentialité sur leur identité de genre, orientation sexuelle ou statut sérologique selon une analyse concernant l’accès à la prévention et aux soins des personnes trans menée par Sidaction en 2020. Quarante deux pour cent ont subi au moins une fois un refus de soins et 64 % ont été victimes de violences psychologiques diverses.

« Actes de violence »

Selon le communiqué, « le plus souvent les victimes de ces actes de violences se trouvent désœuvrées et sans moyens pour leur prise en charge socio-sanitaire, psychologique et juridique nécessaires à la réparation de leur dignité. ». À cela s’ajoute aussi un rejet familial et des formes d’exclusion sociale fortes envers les personnes trans.

Face à ce constat, que faire ? Les militant·es d’AGCS PLUS recommandent la mise en place des mesures urgentes. Sur le plan médical, AGCS recommande de renforcer les équipements et le matériel « pour une identification, un accueil et une offre de soins, adaptés à la cible, en prenant en compte un service de santé mentale et d’endocrinologie. » Il convient également renforcer les actions de prévention auprès des personnes trans, ainsi que l’information sur le traitement hormonal.

La mobilisation doit aussi se faire sur la question des droits humains. L’AGCS recommande de « sensibiliser la société sur l’existence des personnes transgenres en promouvant le respect des droits humains, des lois antidiscriminatoires et de protection ». La formation des « acteurs juridiques sur la thématique de la transidentité et à la reconnaissance légale de la transidentité comme un genre. »