Tunisie : libération de la militante féministe et LGBT+ Rania Amdouni

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La justice tunisienne a décidé mercredi 17 mars de libérer la militante féministe et LGBT+ Rania Amdouni, condamnée en première instance à six mois de prison ferme pour avoir notamment proféré des insultes envers des policiers, a-t-on appris auprès de ses avocats.

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La militante féministe et LGBT+ Rania Amdouni - Capture d'écran / Twitter

Rania Amdouni a été condamnée en appel, mais «  le juge a allégé la peine à une amende de 200 dinars » (environ 60 euros), a ajouté à l’AFP Me Hammadi Henchiri, un de ses avocats.

Lors de l’audience mercredi, la défense avait réclamé un non-lieu pour cette militante LGBT+ de 26 ans, arrêtée le 27 février.

« La prison n’est pas la solution  », avait plaidé son avocat Abennaceur Laouini, également militant des droits humains, appelant à ne pas permettre « la destruction de son avenir  ».

Étudiante en cinéma, et connue pour sa présence exubérante lors des mobilisations prodémocratie, Rania Amdouni a été interpellée après s’être emportée dans un commissariat, où elle était venue se plaindre d’un nouvel incident de harcèlement commis selon elle par des policiers en civil.

Après avoir lancé des poursuites en 2020 contre des policiers pour des insultes homophobes et une confiscation arbitraire de sa carte d’identité, elle a été la cible d’une campagne de dénigrement alimentée par des syndicats policiers à l’occasion de sa participation à des manifestations en janvier.

Des dizaines d’organisations et de personnalités de la société civile tunisiennes et étrangères avaient réclamé mardi dans un communiqué commun la libération immédiate de cette jeune femme. Ils et elles ont estimé que Rania Amdouni était « la cible d’une dérive policière et judiciaire que les autorités tunisiennes ont choisi de privilégier en réponse à la crise économique, sociale et politique qui asphyxie le pays ».

Amnesty International a de son côté déploré les poursuites contre Rania Amdouni, qui envoient « un message inquiétant aux militants victimes de harcèlement ».

La Tunisie, sous le joug d’un régime policier jusqu’en 2011, a fait depuis d’importantes avancées en matière de liberté d’expression, mais les systèmes sécuritaire et judiciaire ont été peu réformés. Les relations homosexuelles restent passibles de prison.

Avec l’AFP