Le Monde révèle de nouvelles plaintes pour des violences sexuelles visant le couple Louvin-Moyne

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Dans une enquête signée Yann Bouchez, Le Monde révèle que plusieurs hommes accusent Gérard Louvin et Daniel Moyne de viols et d’agressions sexuelles, dans les années 1980 et 1990.

Gérard Louvin sur le plateau de « Touche pas à mon poste » en 2013 - capture d'écran / Youtube

Mise à jour, 14h15 : précisions sur une plainte

Le 25 janvier dernier, l’information avait fait l’effet d’une bombe, en pleine libération de la parole contre l’inceste et les violences sexuelles envers les enfants, à travers le mot clé #MeTooInceste.  Le Monde annonçait qu’Olivier A., âgé aujourd’hui de 48 ans, portait plainte contre le très puissant producteur de télévision Gérard Louvin et le mari de ce dernier, Daniel Moyne, « pour des faits de viols et complicité de viols par ascendant dont il aurait été victime lorsqu’il était mineur ». Il racontait au Monde comment ces violences l’avaient « détruit ». 

Dans un communiqué publié toujours le 25 janvier, les avocats du couple ont dénoncé des « calomnies » et des « accusations mensongères », sur fond d’« ignoble chantage » à l’argent.

Mais aujourd’hui, dans une enquête signée Yann Bouchez, Le Monde révèle que plusieurs hommes accusent Gérard Louvin et Daniel Moyne de viols et d’agressions sexuelles, dans les années 1980 et 1990, parfois lorsqu’ils étaient mineurs. Les quatre hommes ont déposé des plaintes, par le biais du même avocat, Me Pierre Debuisson, fin janvier et début février, auprès du procureur de Paris.

L’un de ces plaignants, Grégory C., 46 ans, accuse Gérard Louvin de « viols », a précisé l’avocat, qui affirme avoir été contacté « par une dizaine de victimes » et que d’autres plaintes suivront.

Selon Le Monde, qui a pu recueillir des témoignages et a pu consulter les plaintes, ces éléments « dessinent un système au schéma répétitif », ayant concerné plusieurs jeunes garçons dont certains ont accepté de témoigner.

Les faits dénoncés sont prescrits. Mais c’est tout un système de prédation, sur des enfants parfois âgés de 11 à 13 ans, qui est décrit. Ainsi, Thomas a décrit aux enquêteurs, lors de son audition en 2014, les agressions sexuelles.

Une autre victime, Grégory C., dit n’avoir subi des violences sexuelles que de la part de Daniel Moyne, de ses 13 ans jusqu’à sa majorité. Mais il ajoute avoir dû assister à des scènes impliquant Gérard Louvin et de jeunes garçons.

Le Monde s’interroge sur pourquoi ces abus sexuels ont pu avoir lieu si longtemps. La réponse de Grégory C., qui a perdu son père peu de temps avant sa rencontre avec le couple Louvin-Lemoyne, permet de mesurer les phénomènes d’emprise souvent dénoncées par les victimes de violences sexuelles. « Pour moi, Daniel, c’était devenu mon père de substitution et s’il fallait accepter de se faire sodomiser pour garder mon père de substitution, ce qu’il avait tout à fait compris, je l’ai fait, j’ai accepté. C’est un cheminement de manipulation de l’affect. »

« Cette accumulation de plaintes et la libération de la parole de ces victimes, trop longtemps muselée, fissure une omerta jusqu’à présent très solide »

Face à ces nouvelles accusations, Gérard Louvin admet parfois des relations « totalement consenties » avec des jeunes hommes majeurs. Même ligne de défense pour Daniel Moyne, qui assure au Monde, par le biais de son avocate : « Oui, il nous est arrivé, Gérard et moi, d’avoir des relations sexuelles libres et consenties avec de jeunes adultes. Nous sommes un couple libre et l’assumons. Mais cela ne fait pas de nous des violeurs ou des agresseurs. Nous nous battrons jusqu’au bout afin de prouver notre innocence et mettre ces esprits malveillants et envieux face à leurs contradictions. »

Les faits dénoncés sont prescrits, rappelle au Monde l’avocat qui a recueilli les plaintes. Mais il explique que « cette accumulation de plaintes et la libération de la parole de ces victimes, trop longtemps muselée, fissure une omerta jusqu’à présent très solide, et leurs récits révèlent un même scénario de prédation du couple Louvin-Moyne ».