Lille : après le suicide d'une lycéenne trans, le rectorat défend l'établissement

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Le suicide d'une lycéenne trans de 17 ans à Lille n'en finit pas de faire réagir sur les réseaux sociaux, entre colère, tristesse et indignation.

La facade du Lycée Fenelon, à Lille - Google street map

Le suicide d’une lycéenne trans de 17 ans à Lille n’en finit pas de faire réagir sur les réseaux sociaux. Et le communiqué du rectorat jeudi 17 décembre n’a pas arrangé les choses. Le rectorat a fait part jeudi du suicide « d’un lycéen » de Lille en passe « de changer d’identité sexuelle », assurant que l’élève était « accompagné dans sa démarche » dans son lycée, après un emballement des réseaux sociaux mettant en cause la responsabilité de l’équipe pédagogique. Un communiqué dans lequel Fouad, la jeune adolescente qui a mis fin à ses jours, a été, comme on peut le lire, mégenrée.

Plus tôt, une série de tweets signée du nom d’une femme se présentant comme « autrice militante, poète pyromane » était devenue virale, affirmant que cette « lycéenne trans » de 17 ans, avait été « humiliée » et « psychologiquement agressée » par une membre de l’équipe pédagogique. Elle aurait été renvoyée chez elle le 2 décembre car elle portait une jupe. Jean-Yves Guéant, président de la Fédération des conseils de parents d’élève (FCPE) du Nord, a confirmé à l’AFP le renvoi chez elle de l’élève début décembre.

Des internautes relayaient également une vidéo, diffusée sur Snapchat et apparemment filmée par la lycéenne, où l’on entend une voix féminine évoquer des problèmes posés par sa tenue, sur un ton très sec.

Une vidéo qui a aussi été relayée par des politiques dont David Belliard.

 

 

« J’apprends avec une grande émotion et une profonde tristesse la mort d’une lycéenne transgenre à Lille. Toutes mes pensées vont vers ses proches et ses camarades », a réagi dans un tweet la maire PS, Martine Aubry.

Jean-Yves Guéant affirme à l’AFP qu’« aucun élément, à ce jour », ne permet de lier ces faits, au suicide de l’élève, « qui vivait par ailleurs dans un foyer de l’ASE » (Aide sociale à l’enfance) et avait d’autres « difficultés ».

« Une discussion avait eu lieu » entre l’élève et l’établissement, et « à priori d’après l’équipe et la famille, l’affaire était résolue », a-t-il poursuivi, regrettant la diffusion de la vidéo et mettant en garde contre les « fake news ».

 

Le député du Nord Adrien Quatennens a également réagi sur Twitter.

 

 

Selon plusieurs élèves de Fénelon interrogés par l’AFP et qui ont requis l’anonymat, de nombreux lycéens s’étaient mobilisés après les évènements du 2 décembre, venant pour certains en jupe et collant des affiches dans le lycée et en dehors pour dire « non à la transphobie ».

Mais « la direction lui avait présenté ses excuses, et depuis quelque temps ça allait mieux, elle se sentait mieux au lycée », a affirmé une élève de terminale. « Elle avait parlé de l’événement à ses amis, ça l’avait affectée, mais je pense pas que ce soit ça qui l’ait poussée à l’acte ».

Si la vidéo semble authentique, « je pense que la direction n’est pas responsable (…) et que la CPE n’avait aucune intention de faire du mal » à l’élève, même si elle a fait preuve de « maladresse », a estimé un autre élève. « Elle avait d’autres problèmes », liés ou non à sa transidentité, selon lui.

Une minute de silence sera observée vendredi au lycée, selon ces jeunes.

Une cellule d’écoute psychologique avait été déployée pour les élèves et le personnel, et des « conseillers vie scolaire » se rendront vendredi dans l’établissement.

Sur les réseaux sociaux, avec le #JusticepourFouad, les internautes continuent de réclamer une prise de position du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer.

Komitid avec l’AFP