Pologne : un rapport pointe la « stigmatisation généralisée » des personnes LGBT+

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La Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe Dunja Mijatovic a dénoncé dans un rapport publié jeudi 3 décembre la « stigmatisation généralisée » des personnes LGBT+ en Pologne, pointant les responsabilités de personnalités politiques de premier plan et appelant à des réformes.

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Manifestation contre les « zones sans idéologie LGBT » à Varsovie en août 2020 - Damian Lugowski / Shutterstock

« La stigmatisation des personnes LGBTI est un problème de longue date en Pologne », entame la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe Dunja Mijatovic dans son rapport. Mais le phénomène a « empiré » depuis 2017, souligne-t-elle, notamment à cause des déclarations et attitudes du président de la République, Andrzej Duda, ou du chef des conservateurs, Jaroslaw Kaczynski.

Selon le rapport, la Pologne, pays traditionnellement très catholique, figure en 42ème position dans l’Index Rainbow Europe, élaboré par l’organisation non-gouvernementale Ilga-Europe et qui mesure le degré de respect dont bénéficient les personnes LGBT+ dans 49 pays d’Europe. La Pologne est le pays de l’UE le moins bien classé.

Dunja Mijatovic rappelle qu’aucune disposition juridique ne permet de reconnaître les ménages non-hétérosexuels en Pologne. De même, pour les personnes trans, seule une « longue et coûteuse » procédure judiciaire peut leur permettre de faire modifier leur état civil.

Si elle salue l’adoption en 2019 d’une déclaration par la municipalité de Varsovie pour rendre la ville « plus inclusive  », elle déplore qu’en réaction, une centaine d’exécutifs locaux, couvrant un tiers du territoire national, aient adoptés des « Chartes des droits de la famille » déclarant ces communes « exemptes de l’idéologie LGBTI (…) et de l’“ homopropagande ” ».

Elle condamne l’interprétation «  dangereuse et délibérée » du sigle LGBTI comme exprimant une idéologie plutôt qu’une identité en Pologne.

Elle dénonce également les déclarations de leaders d’opinion au cours de la campagne des législatives 2019, quand Jaroslaw Kaczynski, leader du parti conservateur Droit et Justice au pouvoir, a accusé la communauté LGBT+ de constituer une « menace » pour la famille traditionnelle, ou lorsque, à l’été 2020, le président Andrzej Duda avait jugé « l‘idéologie LGBT pire que le communisme ».

Elle pointe encore l’action du ministre de la Justice qui a financé des « initiatives homophobes » ou, en tant que procureur général, s’est impliqué pour défendre des personnes poursuivies pour discriminations.

Dunja Mijatovic regrette qu’aucun texte ne prévoie de circonstances aggravantes pour les crimes et délits commis en fonction de l’orientation sexuelle de la victime. Une proposition de loi en ce sens avait été rejetée en 2016. Elle rappelle que des marches des fiertés ont été la cible de « violentes attaques », et que des militants en faveur des droits des LGBTI ont fait l’objet de harcèlement et d’intimidation.

Elle appelle les autorités à mieux protéger les droits de ces personnes et à « rétablir la coopération et la confiance mutuelle qui auraient pu être érodé par certains développements récents ».

Avec l’AFP