« Équation à un inconnu », un chef d’œuvre du porno gay français des années 80 ressuscité par Yann Gonzalez et le distributeur américain Altered Innocence

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« Ce qui marque dans le film, c’est cette étrangeté dans la dichotomie bizarre entre l’image et le son, à la lisière du fantastique, on y lit une annonce de l’inquiétude liée à la catastrophe du sida, une prémonition macabre ».

équation à un inconnu
« Équation à un inconnu » de Dietrich de Velsa - Anus Films / Altered Innocence
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La bande-annonce de l’époque le clamait haut et fort, Équation à un inconnu est « un hymne à une homosexualité aussi éloignée des affèteries conventionnelles que des stéréotypes poétiques (sic) » ou encore « un rêve brûlant que seule la lumière du petit matin peut éteindre » ! Ce chef d’œuvre porno et mélancolique est un film à part, une œuvre spectrale, une chorégraphie surprenante dans des lieux du quotidien de la banlieue parisienne : l’usine, le café, les vestiaires d’un stade de foot. Le réalisateur Yann Gonzalez a eu un coup de foudre pour ce film pas comme les autres et, avec l’aide de son distributeur américain Frank Jaffe (Altered Innocence), l’a sorti de l’oubli. Ils nous racontent cette aventure.

Komitid : Comment avez-vous découvert Équation à un inconnu ?

Yann Gonzalez : J’ai découvert le film en faisant mes recherches pour préparer Un couteau dans le cœur (film qui se déroulait dans le milieu du porno gay des années 80, Ndlr). J’avais demandé à Hervé-Joseph Lebrun, le plus grand spécialiste du porno gay français, de m’épauler dans mes recherches. Grâce à lui, j’ai pu rencontrer des producteurs qui ont travaillé dans ce secteur dans les années 70 et 80 et il avait également tout un tas de VHS Rip de pornos gay un peu passés et pixelisés. Parmi tous ces films, dont un nombre incalculable de films médiocres, il y avait Équation à un inconnu qui tout de suite m’a frappé par son sens de la mise en scène, sa grâce, sa force plastique et ses expérimentations sur le son. Là, il y avait vraiment une œuvre insolite et forte qui était à cent coudées au-dessus de tout ce que j’avais pu voir. Ce qui marque dans le film, c’est cette étrangeté dans la dichotomie bizarre entre l’image et le son, à la lisière du fantastique, on y lit une annonce de l’inquiétude liée à la catastrophe du sida, une prémonition macabre. Le côté immersif de la photo de François About (chef opérateur de nombreux films porno gay dans les années 70 et 80, Ndlr) qui, selon ses souvenirs, a coréalisé le film, on le voit notamment dans cet amour des corps masculins. Les travellings opératiques sont absolument immersifs et la séquence d’orgie finale absorbe complètement.

Frank Jaffe : Yann m’a montré le film quand je préparais la sortie en salles américaine d’Un couteau dans le cœur, il pensait qu’il pouvait y avoir un public plus large pour ce film et il avait raison ! Je l’ai trouvé à la fois unique en tant que film porno mélancolique et plein de garçons étourdissants et « super hot » et tout à fait capables de provoquer des érections ce qui n’est pas toujours le cas avec les productions de cette époque ! Je suis tombé complètement amoureux de quelques-uns d’entre eux mais surtout du pompiste au visage d’ange avec tous les tatouages. J’aimerais tellement en savoir plus sur lui ! Je savais que ce film convaincrait la même « fan base » queer qui est tombé amoureuse d’Un Couteau dans le cœur, rebaptisé Knife+Heart ici.

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