Trois questions à Clark Massad, vice-président de IGLTA chargé de l’Europe et des partenariats

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« Les résultats de notre enquête illustrent la résilience de la communauté LGBTQ+ pendant ce moment difficile. »

Nice est une des principales destinations des touristes LGBT+ en France - Jérôme Kelagopian / OTM NCA

Clark Massad est vice-président de l’Association internationale du tourisme LGBTQ+ (IGLTA).  Cette association, créée en 1983 aux États-Unis, est devenue un partenaire majeur des entreprises du tourisme et conseille aussi des villes dans leurs stratégies pour s’adresser à la communauté LGBT+. 

Avec son site internet, ses réseaux sociaux, ses supports d’e-marketing, sa newsletter (en anglais), IGLTA fournit aux touristes LGBT+ des informations et des ressources sur les voyages, tout en continuant de promouvoir l’égalité et la sécurité au sein du tourisme LGBT+.

Durant le confinement, IGLTA a interrogé les personnes LGBT+ sur le tourisme post-confinement. Clark Massad nous en présente les principaux enseignements.

Komitid : Pourquoi avez-vous réalisé cette étude sur les personnes LGBT+ et le tourisme post-confinement ?

Clark Massad : Pendant le confinement, IGLTA a interrogé les membres de la communauté LGBTQ+ pour évaluer leurs attitudes envers les voyages de loisirs face à la pandémie de la Covid-19. Nous avons reçu près de 15 000 réponses au total, tous pays confondus. En complément des résultats de son enquête globale, IGLTA a préparé un rapport spécial sur les voyageurs LGBTQ+ français, le pays avec la plus forte représentation parmi tous les répondants européens (747 répondants). Les résultats de cette enquête illustrent la résilience de la communauté LGBTQ+ pendant ce moment difficile et rappellent au secteur de tourisme dans son ensemble que les campagnes promotionnelles visant les voyageurs LGBTQ+ devraient faire partie intégrante de leurs plans de relance. Les professionnels du tourisme en France devraient saisir cette opportunité pour accueillir les voyageurs LGBTQ+ afin d’amorcer la relance du secteur. 

Quels en sont les principaux enseignements en ce qui concerne la France et est-ce très différent d’autres pays comme les États-Unis, le Brésil, le Canada, où il y a eu aussi beaucoup de répondants ?

Les enquêtes nous montrent que les voyageurs LGBTQ+ seront parmi les premiers à reprendre leurs habitudes de voyage, dès que les conditions sanitaires le permettront, et qu’ils sont plus susceptibles que la moyenne de voyager avant la fin de l’année.

« Les résultats de cette enquête illustrent la résilience de la communauté LGBTQ+ pendant ce moment difficile. »

Les résultats de l’enquête française sont assez proches de ceux des autres enquêtes, ce qui nous montrent une tendance globale observée dans la communauté LGBTQ+ mondiale. Ce n’est pas sans surprise que Paris et Nice ressortent comme les deux destinations en France les plus convoitées, car les deux villes travaillent activement sur la promotion touristique auprès de la communauté LGBTQ+. Paris est une « destination phare » de l’IGLTA et Nice est un « partenaire global » de l’IGLTA depuis 2011. En 2011, j’avais accompagné la ville de Nice sur la création du label « Nice, irisée naturellement » destiné spécifiquement à la communauté LGBTQ+ et j’ai animé une formation sur l’accueil de la clientèle LGBTQ+ avec les professionnels de tourisme niçois.

Plus de deux tiers des répondants en France indiquent qu’ils sont prêts à partir en voyage avant la fin de l’année, le mois de septembre était de loin le choix le plus populaire, ce qui confirme une tendance déjà observée dans la communauté LGBTQ+ de voyager en dehors des périodes traditionnelles de vacances. 

Il y a une très faible représentation des personnes LBT dans votre enquête, et ce sont surtout des hommes gays qui ont répondu. Comment comptez-vous remédier à cela dans le futur ?

L’échantillon français porte sur les réponses des 747 personnes ayant déclaré la France comme pays de résidence principale. 

C’est vrai que l’échantillon français est principalement masculin. En revanche, le profil des répondant.e.s de l’enquête globale est légèrement plus divers que celui de l’échantillon français : parmi les près de 14 658 personnes ayant répondu à l’enquête, tous les pays confondus, il y avait 8 % de femmes et 88 % d’hommes ; 12 % se sont identifié.e.s comme bies et 6 % lesbiennes. 

Pourtant, les statistiques de notre site internet et de notre page Facebook nous montrent une répartition plus équilibrée entre les hommes et les femmes (environ 56 % hommes et 44 % femmes). Donc, nous savons que nous avons une audience de consommateurs et consommatrices LGBTQ+ beaucoup plus équilibrée, mais il faudra simplement plus de sensibilisation pour attirer le segment LBT.

Il faut aussi gardez à l’esprit que l’enquête a été diffusée pendant la crise et le confinement, à un moment où bon nombre de nos organisations partenaires fonctionnaient avec des ressources limitées, comme nous l’étions (et le sommes toujours), de sorte que certains des groupes avec lesquels nous travaillons et qui s’adressent plus aux lesbiennes, trans et bis n’étaient pas disponibles pour aider activement. Cependant, la réalité est qu’il y a beaucoup plus de moyens de se connecter avec les hommes gays qu’avec les lesbiennes, les bisexuel.le.s ou les transgenres et nous devons simplement continuer à créer de nouvelles connexions, autant que possible.