La Pologne veut se retirer de la Convention d'Istanbul, affirmant qu'elle « justifie l'idéologie gay »

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La Pologne s’est retirée de la Convention d’Istanbul, un traité international visant à mettre fin aux violences faites aux femmes. Le ministre de la Justice a affirmé que ce texte « justifie l’idéologie gay ».

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Manifestation LGBT+ contre le gouvernement polonais à Lublin le 16 juin 2020 - Widz / Shutterstock

Le ministre de la Justice du parti nationaliste polonais Droit et Justice (PiS), Zbigniew Ziobro, a promis d’entamer le processus de retrait de la Convention d’Istanbul. Le traité européen, ratifié en 2015 par le précédent gouvernement, établit des normes mondiales pour prévenir et combattre les violences faites aux femmes et les violences conjugales.

Selon le New York Times, le ministre a décrit le traité par le passé comme « une invention, une création féministe visant à justifier l’idéologie gay ». Il a déclaré que la Pologne entame depuis lundi 27 juillet le processus de retrait, affirmant qu’il viole les droits des parents et « contient des éléments de nature idéologique ».

Le traité ne fait aucune mention explicite des droits LGBT+, sauf pour préciser que les victimes de violence conjugales devraient bénéficier d’un soutien sans discrimination fondée sur des facteurs personnels, y compris l’orientation sexuelle.

La Convention d’Istanbul, cible fréquente des homophobes

D’après la BBC, Zbigniew Ziobro a cité des dispositions « nuisibles » dans le traité qui obligent les écoles à enseigner la notion de genre. La Convention d’Istanbul dispose que les écoles devraient enseigner « l’égalité entre les femmes et les hommes, les rôles de genre non stéréotypés, le respect mutuel, la résolution non violente des conflits dans les relations interpersonnelles, la violence sexiste à l’égard des femmes et le droit à l’intégrité personnelle ».

Des manifestations ont été organisées vendredi 24 et samedi 25 juillet à Varsovie et Cracovie et dans d’autres villes depuis contre le retrait proposé.

La Convention d’Istanbul est la cible fréquente des homophobes. Dans un tweet, le sous-secrétaire d’État au ministère de la Justice, Marcin Romanowski, l’a qualifiée de « propagande néo-marxiste qui bouleverse notre système de valeurs » et déclare que « la manière de lutter contre la violence n’est pas d’apprendre aux jeunes garçons qu’ils peuvent porter des robes et jouer avec des poupées ».

 

La Commission européenne a dû publier un livret de fact-checking, afin de contester les nombreuses interprétations erronées la Convention d’Istanbul.

Le document de la Commission européenne est explicite : « Il n’y a aucune menace pour le concept de la famille. La convention ne régit pas la vie ou les structures familiales et les États n’ont pas à changer la conception traditionnelle des familles ».

« Les traditions et les valeurs ne sont pas menacées. La convention dispose seulement que les traditions, la culture ou la religion ne peuvent être utilisées pour justifier des actes de violence envers les femmes  ».

« Le mot “ genre ” ne remplace pas les termes “ femme ” et “ homme ”, et la convention ne promeut aucune “ idéologie de genre ”. Le mot “ genre ” est utilisé dans la convention pour souligner que les femmes sont plus susceptibles d’être victimes de violence parce qu’elles sont des femmes ».

« La reconnaissance des mariages de même sexe ne figure pas dans la convention. La convention n’affecte en aucune façon les règles nationales de droit civil sur le mariage ».

« Un “ troisième sexe ” n’est pas introduit par la convention et il n’y a pas non plus d’obligation de le reconnaître. Les États sont uniquement tenus de protéger les droits des victimes sans discrimination pour quelque motif que ce soit, notamment le sexe, la race, la religion, la langue, l’âge, l’état matrimonial, l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ».