Pologne : la droite ressort des arguments homophobes et aux relents antisémites

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Les conservateurs nationalistes au pouvoir en Pologne ont ressorti des arguments homophobes et aux accents antisémites pour soutenir le président sortant Andrzej Duda, en perte de vitesse dans sa campagne pour un second mandat.

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Un rainbow flag devant le Palais de la culture et la science à Varsovie - MOZCO Mateusz Szymanski / Shutterstock

Le premier tour de l’élection présidentielle ajournée aura lieu le 28 juin en Pologne, après l’échec de son organisation en mai à cause de la pandémie et de doutes constitutionnels.

La victoire de Andrzej Duda, le président sortant, devrait assurer la stabilité au projet politique du parti Droit et Justice (PiS, au pouvoir) pendant les cinq prochaines années. Or, s’il reste favori du premier tour du scrutin, l’écart entre lui et son principal rival, le maire centriste de Varsovie, Rafal Trzaskowski, va diminuant et leurs chances sont égales au second tour, selon les sondages.

Le pouvoir du PiS en Pologne est confronté à la crise économique due à la pandémie mais aussi à des accusations internes d’atteintes à l’État de droit et aux libertés civiques, d’abus de pouvoir et de gaspillage des fonds publics.

Crainte de l’échec en Pologne

Selon nombre d’analystes, c’est la raison principale du recours à deux sujets épineux en Pologne : le statut des personnes LGBT+ et les réparations pour les biens juifs spoliés depuis l’Holocauste.

« Le PiS croyait en une victoire facile et c’est pourquoi ils sort ces plats réchauffés… C’est la crainte de l’échec, la panique », déclare à l’AFP Stanislaw Mocek, politologue et président de l’Université Collegium Civitas à Varsovie.

« Les chances sont égales donc il faut chercher des moyens extraordinaires », explique-t-il.

Aussi, Andrzej Duda a-t-il attaqué en personne « l’idéologie LGBT », qu’il considère comme du « néo-bolchévisme », lors d’un meeting électoral.

« On essaie de nous faire croire qu’il s’agit de gens alors que c’est simplement une idéologie », a-t-il insisté, en la considérant « plus destructrice que le communisme ».

La cause LGBT+ avait déjà constitué le thème majeur de la campagne législative en Pologne en octobre, remportée par le PiS, dans un contexte d’homophobie dans ce pays catholique où nombre d’entités territoriales ont adopté des résolutions pour se déclarer « zones libres de l’idéologie LGBT ».

Rafal Trzaskowski lui s’est déclaré ouvert notamment à l’idée de l’union civile ou « union de partenariat » pour tous, terme absent de la législation polonaise.

Restitutions des biens juifs spoliés

Au même moment, contrôlés entièrement par le PiS, les médias publics ont relancé le sujet de la restitution des biens juifs spoliés depuis l’Holocauste, un sujet complexe en Pologne, particulièrement à Varsovie, où les restitutions immobilières font objet de procès houleux devant les tribunaux.

La chaîne de télévision publique TVP a ainsi reproché à Rafal Trzaskowski d’agir au détriment de l’intérêt national pour ne pas avoir rejeté l’idée même d’entretiens à ce propos avec des organisations juives internationales.

« De tels sujets sensibles devraient être discutés et, évidemment, nous devrions prendre en compte surtout l’intérêt de l’État polonais, mais cela devrait être fait vraiment de manière à ne pas créer de problèmes  », donc en dehors de la campagne électorale, a riposté Rafal Trzaskowski, lors d’une conférence de presse mardi.

La Pologne est le seul pays de la région à n’avoir jamais réussi à indemniser globalement ses citoyens, dont les juifs, dépossédés par les nazis puis par le régime communiste. Elle accueillait avant la Seconde guerre mondiale la plus grande communauté juive d’Europe, disparue pendant l’Holocauste.

Le pouvoir conservateur polonais considère la question de la restitution des biens juifs comme « définitivement réglée ».

Avec l’AFP