Turquie : Erdogan défend un responsable religieux accusé d'homophobie

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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a vigoureusement défendu lundi 27 avril le chef de l'autorité des affaires religieuses qui a déclenché une polémique en faisant un lien entre l'homosexualité et les maladies.

Le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan - Sasa Dzambic Photography / Shutterstock
Le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan - Sasa Dzambic Photography / Shutterstock

« Une attaque contre lui est une attaque contre l’État », a déclaré le président de la Turquie Recep Tayyip Erdogan lors d’une allocution télévisée lundi 27 avril. Erdogan a vigoureusement défendu le chef de l’autorité des affaires religieuses qui a tenu des propos homophobes.

L’affaire a débuté vendredi avec un sermon prononcé par le chef de l’autorité des affaires religieuses (Diyanet), Ali Erbas, à l’occasion du début du mois sacré de jeûne du ramadan.

« Diviser au lieu de rassembler »

« L’islam considère la fornication comme l’un des plus grands péchés et condamne l’homosexualité », car « elles apportent avec elles les maladies », a déclaré Ali Erbas dans cette adresse aux fidèles, mentionnant notamment le virus du sida.

Ces déclarations ont très vite enflammé les réseaux sociaux, de nombreux internautes dénonçant les propos « haineux » de Ali Erbas ou lui reprochant de « diviser au lieu de rassembler » en ces temps de pandémie de coronavirus.

De l’autre côté, la présidence et les médias progouvernementaux de la Turquie ont lancé une campagne de soutien à Ali Erbas, estimant qu’il n’avait fait qu’énoncer des principes du Coran.

Des milliers d’internautes lui ont exprimé leur soutien en utilisant le hashtag « Ali Erbas n’est pas seul ».

Dans ce contexte, le barreau d’Ankara, l’une des plus puissantes organisations d’avocats du pays, a fait part dans un communiqué publié dimanche de sa « sidération » et dénoncé les « déclarations d’un autre âge » de Ali Erbas.

Il n’en fallait pas plus pour conduire le procureur général d’Ankara à ouvrir lundi contre ces avocats une enquête pour « dénigrement des valeurs religieuses ».

Le président turc défend Ali Erbas

Dans son allocution lundi, le président Erdogan a enjoint au barreau d’Ankara de « rester à sa place », l’accusant d’« attaquer directement l’islam ».

Ce que Ali Erbas a dit « est entièrement vrai », a-t-il estimé.

Une ONG, la Fondation des droits de l’Homme (IHD), a de son côté indiqué lundi qu’elle allait porter plainte contre Ali Erbas, estimant que « ses propos haineux constituent un délit ».

Pays très majoritairement musulman où la foi se vit de mille façons, la Turquie est régulièrement déchirée par des polémiques de ce genre.

L’expression du conservatisme religieux s’est libérée depuis l’arrivée au pouvoir en 2003 du président Erdogan, accusé par ses détracteurs de détricoter les valeurs laïques héritées du fondateur de la République, Mustafa Kemal.

Si la Turquie est l’un des rares pays à majorité musulmane où l’homosexualité n’est pas illégale, les personnes LGBT+ y sont fortement discriminées.

Avec l’AFP

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