250 travailleuses et travailleurs du sexe saisissent la CEDH contre la loi prostitution de 2016

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Quelque 250 travailleur.se.s du sexe, soutenu.e.s par un grand nombre d'associations, dont certaines LGBT+, ont saisi la Cour européenne des droits de l'Homme afin d'obtenir l'abrogation de la loi de 2016 pénalisant les clients.

La Cour européenne des droits de l'homme
La Cour européenne des droits de l'homme - Botond Horvath / Shutterstock

Environ 250 travailleur.se.s du sexe ont saisi la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) pour qu’elle abroge la loi de 2016 pénalisant les clients de prostituées, ont-ils annoncé jeudi 19 décembre. Ils et elles ont reçu le soutien d’une vingtaine d’associations.

Ils et elles ont pris cette initiative après avoir été débouté.e.s en février dernier par le Conseil constitutionnel, à qui ils et elles avaient demandé de revenir sur cette loi, jugée attentatoire à la « liberté d’entreprendre » et à la « liberté sexuelle » et dangereuse pour la santé et les droits des travailleur.se.s du sexe.

Soutenu.e.s par des associations LGBT+

« Depuis des années, les travailleurs et travailleuses du sexe alertent sur les conséquences dramatiques de la pénalisation des clients et des politiques répressives à leur endroit », expliquent dans un communiqué les 250 travailleur.se.s du sexe et 19 associations dont Act Up-Paris, Aides, Inter-LGBT, le Planning familial, le Syndicat du travail sexuel (Strass), Sidaction et Médecins du Monde.

Estimant qu’en France le gouvernement et les institutions « nient leur vie » et « restent sourds aux violences de leur politique », ils et elles annoncent « attaquer l’Etat » devant la CEDH pour obtenir l’abrogation de la « dangereuse » loi de 2016.

Cette dernière a abrogé le délit de racolage, remplacé par la verbalisation des clients. L’amende est de 1 500 euros, peut aller jusqu’à 3 750 euros en cas de récidive et est parfois complétée par un stage de sensibilisation.

Mais au quotidien, selon les associations qui la dénoncent, elle a fait baisser les revenus des travailleur.se.s du sexe et les a obligé.e.s à accepter des rapports non protégés ou à exercer dans des endroits plus isolés où ils et elles sont davantage exposé.e.s aux agressions.

« Il est urgent que le sacrifice des travailleurs et travailleuses du sexe sur l’autel de la moralité cesse !  »

« Il est urgent que le sacrifice des travailleurs et travailleuses du sexe sur l’autel de la moralité cesse !  », soulignent les signataires du communiqué.

Outre l’abrogation de la loi, ils et elles demandent davantage de moyens pour lutter « contre toutes les formes de violences », « accompagner effectivement les personnes en difficulté dans toutes les dimensions sociales, sanitaires et juridiques » et « garantir une réorientation de carrière pour les personnes qui le souhaitent ».

Avec l’AFP