Ouganda : Le procès des 67 personnes arrêtées dans un bar LGBT+ commence

Publié le

Soixante-sept personnes arrêtées le 10 novembre dans un bar LGBT+ de Kampala avaient été inculpées mardi 12 novembre pour « nuisances générales » et maintenues en prison.

Ouganda
Vue de Kampala, la capitale ougandaise - Andreas Marquardt / Shutterstock

Ce lundi 18 novembre, six personnes arrêtées la semaine dernière et ayant été libérées sous caution vont comparaître devant les juges à Kampala, la capitale de l’Ouganda.

Soixante-sept personnes avaient été arrêtées le 10 novembre dans un bar LGBT+ de Kampala. Elles ont été inculpées mardi 12 novembre pour « nuisances générales » et maintenues en prison, une procédure visant, selon les défenseurs des droits humains, à intimider les membres de la communauté LGBT+.

Descente au Ram Bar

La police et des soldats avaient effectué une descente au Ram Bar, un établissement du centre de Kampala populaire auprès de la communauté LGBT+ de ce pays où l’homophobie est très répandue, et avaient arrêté 125 personnes. Cinquante-huit ont depuis été libérées.

Le porte-parole de la police ougandaise, Patrick Onyango, a assuré à l’AFP que les autorités ne savaient pas que ce bar organisait une soirée LGBT+ le soir de cette descente, soutenant que cette dernière visait l’usage de tabac et d’opium, interdit dans les lieux publics, depuis la loi anti-tabac de 2015.

Les 61 hommes et six femmes présenté.e.s mardi devant un juge de Kampala ont été inculpé.e.s pour « nuisances générales », soit un chef d’inculpation très vague, soulignent les avocats de la défense, qui se plaignent en outre de ne pas avoir pu s’entretenir avec leurs client.e.s.

« Leurs droits n’ont pas été respectés », a déclaré Patricia Kimera, une avocate des droits humains représentant plusieurs des accusé.e.s. « Ces gens ont été surpris en train de s’amuser dans un bar, il n’y a aucune preuve démontrant qu’il est question de nuisances générales ».

« C’est une persécution de tout espace vu comme étant ouvert aux LGBT »

Selon Clare Byarugaba, de l’organisation ougandaise de défense des droits de l’Homme Chapitre 4, « la police savait qui elle visait ». « C’est une persécution de tout espace vu comme étant ouvert aux LGBT ».
« Le but était d’intimider et de faire peur aux LGBT », a-t-elle ajouté.

Les relations dites « contre nature » sont passibles de la détention à perpétuité en Ouganda en vertu d’une loi datant de la colonisation britannique.

Harcèlement et intimidations sont le quotidien des homosexuel.le.s dans ce pays où s’est développé un christianisme évangélique particulièrement véhément à l’égard du mouvement LGBT+. En octobre, seize militant.e.s ougandais.e.s LGBT+ avaient été soumis.e.s à des tests anaux forcés après avoir été arrêté.e.s, puis ensuite remis.e.s en liberté, selon la principale organisation de défense des droits des homosexuels du pays, Sexual Minorities Uganda (SMUG).

Avec l’AFP