3 questions à Jérémy Falédam, coprésident de SOS homophobie sur le lancement du nouveau site pour les jeunes LGBT+

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Le 12 octobre a lieu la soirée de lancement du nouveau site cestcommeca.net conçu par SOS homophobie pour les ados LGBT+.

Le 12 octobre aura lieu la soirée de lancement du nouveau site cestcommeca.net

Depuis 1994, l’association SOS homophobie a pour but de lutter contre les discriminations et les agressions à caractère homophobe et pour apporter aide et soutien aux victimes. En 2010, l’association avait lancé la première version du site cestcommeca.net et neuf ans plus tard, ils décident de moderniser celui-ci.
Il y aura désormais quatre rubriques principales : « Être LGBT+, je veux comprendre » fournira des informations sur des questions les plus fréquentes des ados, « Je veux découvrir la culture LGBT+ » a pour but de montrer des représentations positives qui peuvent servir de modèle aux jeunes LGBT+, « Face à l’homophobie, je fais quoi ? » donnera des clés aux ados notamment face aux idées noires, et la partie « Témoignages » est mise plus en avant et aidera a mieux comprendre ce que signifie d’être LGBT+. Jérémy Falédan, co-président de SOS homophobie, explique à Komitid les innovations de cette nouvelle version du site.

 

Komitid : Quelles sont les nouveautés du site pour les jeunes LGBT+ ?

Jérémy Falédam : Le site cestcommeca.net originel, sorti en 2010, contenait des témoignages, de l’information (des définitions, des articles sur l’homophobie) et des sources d’identification positive (portraits, films, livres, etc.). Nous souhaitions que le nouveau site soit modernisé, plus fonctionnel, et mieux structuré par rapport à un contenu qui avait évolué et s’était diversifié avec les années. Et surtout nous avons souhaité l’enrichir avec davantage d’articles et de dossiers autour des questions qui reviennent fréquemment dans les messages que les jeunes nous écrivent : comment être sûr·e de son orientation amoureuse et sexuelle, comment faire son coming out, que faire face aux manifestations d’homophobie, comment mener sa vie amoureuse, etc. Nous avons également souhaité rendre accessible aux ados des notions de droit pour qu’ils et elles puissent plus facilement se défendre dans différentes situations de LGBTphobies. Enfin, nous avons créé une rubrique à destination des proches (ami·e·s, parents, profs, etc) qui sera alimentée dans les prochains mois.

« Nous avons souhaité rendre accessible aux ados des notions de droit pour qu’ils et elles puissent plus facilement se défendre dans différentes situations de LGBTphobies. »

Komitid : À quelles problématiques les jeunes LGBT sont-ils et elles confronté·e·s ?

La plupart de celles et ceux qui nous écrivent se préparent à faire un ou plusieurs coming out, le premier (souvent à un.e ami.e) étant souvent un grand cap à franchir, et celui aux parents étant le plus lourd en enjeu. Nous avons aussi beaucoup de jeunes qui sont encore en phase de questionnement sur leur orientation sexuelle ou leur identité de genre et qui cherchent à avoir notre éclairage. Le cas des jeunes qui portent en elles/eux beaucoup d’homophobie intériorisée est délicat, car il faut essayer de discuter pour détricoter les a priori négatifs qu’ils/elles ont assimilés sans s’en rendre compte. Un jeune qui nous a écrit récemment en venait à renier ses attirances pour les garçons et à qualifier ça de « déviance ». Comment être bien dans sa peau quand on pense ça de soi-même ? Nous avons aussi des cas de harcèlement scolaire ou de brimades au sein de la famille suite à un coming out mal reçu. Pour finir sur une note positive, beaucoup de messages parlent d’histoires d’amour, et nous questionnent sur une question universelle : comment déclarer sa flamme ?

Komitid : Est-ce que vous voyez une évolution de la visibilité des personnes LGBT+ dans les médias et le débat public, thème de votre table-ronde du 12 octobre ?

C’est certain qu’en dix ans, les choses ont beaucoup changé, non seulement quantitativement car il y a beaucoup plus de films, séries et livres qui mettent en scène des personnages LGBT, mais aussi qualitativement. Dorénavant, les personnages LGBT+ sont plus souvent centraux, plutôt que secondaires et leur histoire est plus souvent traitée sous un angle positif, “ normal ”, où finalement leur orientation sexuelle n’est plus l’enjeu et ne pose pas toujours souci. Pour autant, il reste des progrès à faire, notamment au niveau des médias mainstream car la visibilité des personnes LGBT+ est un enjeu majeur pour faire évoluer les mentalités. C’est en favorisant la diversité des représentations, quelles qu’elles soient, que l’on permettra à chacun·e d’être ouvertement soi-même. Une représentation plus inclusive dans les médias est nécessaire pour éviter toute marginalisation d’une partie de la société.