3 questions à Eve Plenel sur l'opération VIH Test, accessible gratuitement dans les labos

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Le 1er juillet a été lancé à Paris et dans les Alpes Maritimes le dispositif VIH Test, qui permet de réaliser un dépistage gratuit dans tous les laboratoires de ville. Une innovation majeure qui vise à rendre plus efficace l'offre de dépistage.

Une des cinq affiches de la campagne VIH Test.
Une des cinq affiches de la campagne VIH Test.

Ève Plenel est directrice de l’association Paris sans sida qui multiplie les actions innovantes en matière de prévention en particulier vers les populations les plus touchées que sont les Hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) et les personnes migrantes. Accès à la PrEP, campagnes d’affichage, communication ciblée, tous les moyens sont bons pour faire reculer l’épidémie à Paris. Ce 1er juillet, dans la capitale mais aussi dans le département des Alpes-Maritimes, est lancée l’opération VIH Test, soit la possibilité de faire le test du VIH sans frais, sans ordonnance et sans rendez-vous dans tous les laboratoires de ville. Eve Plenel explique à Komitid les enjeux de ce VIH Test.

Komitid : À partir de quel constat en êtes-vous venue à proposer cette nouvelle offre de dépistage gratuits dans tous les labos de Paris et des Alpes-Maritimes ?

Eve Plenel : Depuis deux ans, on a de nouvelles recommandations de dépistage qui doit être très fréquent pour certaines populations, dont les HSH (tous les 3 mois) et les personne migrantes (tous les ans). Il n’y a aucun autre test préventif demandé à une telle fréquence à des gens en bonne santé. Il faut donc permettre à ces personnes un accès facilité au test. Il y a une large palette d’offres, mais le manque de visibilité, les questions de prix et les horaires faisaient que ce n’est pas si facile d’y aller.

Selon les estimations, il y avait en 2016 3600 personnes qui vivaient avec le VIH à Paris et qui ne le savaient pas encore. Ces 3600 personnes sont principalement HSH ou venant d’Afrique sub-saharienne. Pour les atteindre, il faut quasiment doubler le nombre de dépistages. Il y a 30000 dépistages communautaires et 500 000 dans les labos et les Cegidd et dans les structures hospitalières. Il faudrait donc doubler le nombre de tests, surtout auprès des populations les plus exposées, pour les atteindre.

Quelles sont les différences entre se rendre dans un centre de dépistage gratuit et dans les labos de ville avec le dispositif VIH Test ?

À Paris, il y a 11 centres gratuits de dépistage qui font tous de gros efforts mais qui sont souvent saturés. Il y a 170 laboratoires, et ils sont ouverts à Paris de 7h30 à 19h et le samedi matin. Il y en a dans tous les quartiers de Paris, à tous les coins de rue. La deuxième différence, c’est qu’il n’y a pas d’entretien pré-test avec un médecin, il n’y a pas à expliquer pourquoi on vient faire le test.

« Un test positif sans lien aux soins, c’est un test raté. » 

La troisième différence, c’est qu’on a dû prévoir un parcours de soins avec les biologistes, en cas de résultat positif. Quand le test est réalisé dans un Cegidd ou prescrit par un médecin, il y a quelqu’un pour s’occuper de la prise en charge. On a organisé un système d’astreinte téléphonique avec les hôpitaux et les Corevih, pour que la personne dépistée positive ait un rendez-vous dans un service spécialisé en moins de 48 heures. Un test positif sans lien aux soins, c’est un test raté. J’en profite pour saluer la vingtaine de techniciens d’études cliniques des hôpitaux franciliens. La personne pourra être suivie dans un hôpital au plus près de chez elle, en tout cas c’est son choix qui prévaudra.

Pour faire le test, il faut un numéro de sécu (carte vitale, CMU, AME) mais à Paris, à la demande d’Anne Souyris, adjointe à la Maire de Paris en charge de la santé, les personnes sans couverture sociale seront prises en charge aussi. Dans les Alpes-Maritimes, ce sont les centres de dépistage (CeGIDD) qui prendront le relais dans ces cas-là. À Paris, ce dépistage sera universel. Cet acte de biologie va apparaître sur votre relevé de sécurité sociale, sans mention du test bien sûr. Mais si vous ne le souhaitez pas, c’est possible de le rendre anonyme, mais il faut le signaler. Il faudra aussi dire si vous souhaitez que votre médecin traitant soit informé.e.

Quelle communication est prévue pour cette opération qui va durer un an ?

On a cinq visuels différents pour représenter différentes populations. Nous allons relayer la campagne dans les associations communautaires et dans tous les lieux de soins pour toucher les personnes les plus éloignées, comme les demandeurs d’asile. Pour les gays, nous avons un teaser du Dr Naked, sorti à la Marche des fiertés. Nous aurons aussi des vidéos pour les diasporas africaines. Tout est en français pour l’instant mais nous pourrons l’adapter. Tout est allé très vite. Je salue et remercie d’ailleurs l’Assurance maladie, la Mairie de Paris, l’agence régionale de santé et les biologistes médicaux (URPS) pour leur engament qui ont permis de faire accoucher ce projet en quelques mois. Ce dispositif est adossé à une recherche, pour savoir si ça marche. Nous aurons des informations remontant du terrain tous les mois et nous pourrons ainsi adapter notre communication. Il y aura aussi des informations sur les panneaux lumineux dans Paris ainsi que dans les laboratoires. J’espère aussi que nous pourrons avoir une campagne d’affichage sur les panneaux Mairie de Paris et nous avons aussi prévu une campagne dans les lieux de drague et les bars gays. La communication permet de banaliser ce test. Ça ne suffit pas à lever tous les freins, la peur etc. Mais nous disons aussi qu’un test positif, c’est pouvoir être pris en charge, vivre une vie normale en bonne santé. Il faut que le test devienne un réflexe et c’est pour ça qu’on va en parler souvent et tous les mois.

 

Retrouvez toutes les infos sur le dispositif VIH Test sur le site dédié ainsi que sur la page Facebook.

 

Le teaser de VIH TEST avec Dr Naked