Golden Globes 2019 : « Pose » repart bredouille, « The Assassination of Gianni Versace » obtient deux trophées

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« Green Book » et « Bohemian Rhapsody », deux films dans lesquels l'homosexualité et la bisexualité des personnages est minorée, sont les grands gagnants de cette 76e édition.

« Pose », la série de Ryan Murphy, repart bredouille des Golden Globes
« Pose », la série de Ryan Murphy, repart bredouille des Golden Globes - DR

Cette première cérémonie hollywoodienne de l’année post #metoo aura été l’occasion de réaffirmer la place des femmes dans l’industrie du divertissement mais également d’insister sur la diversité. Côté queer, seules deux voix se sont faites entendre malgré la présence en nombre de personnages LGBT+ dans les films et séries nommé-e-s. Bilan d’une cérémonie en demi-teinte et sans grand vainqueur.

Le bilan cinéma

Green Book, l’histoire de l’amitié entre un pianiste noir et gay et son chauffeur italo-américain sort gagnant avec trois trophées (meilleure comédie, scénario et second rôle avec Mahershala Ali) devant Bohemian Rhapsody (meilleur film et meilleur acteur pour Rami Malek dans la catégorie drame) et le film mexicain Roma (meilleur film en langue étrangère et meilleur réalisateur pour Alfonso Cuaron). Glenn Close coiffe Lady Gaga au poteau pour la meilleure actrice de drame et l’anglaise Olivia Colman confirme qu’elle était « La Favorite » pour le prix de la meilleure actrice de comédie dans le film du même nom.

Le bilan télévision

Si Pose, sur la scène voguing new yorkaise des années 80, ne concrétise aucune de ses deux nominations, l’autre série de Ryan Murphy, The Assassination of Gianni Versace remporte deux trophées, celui de la meilleure mini-série et le très attendu meilleur acteur dans un second rôle pour Darren Criss. The Americans, sur un couple d’espions soviétiques durant les années Reagan, finit son histoire en beauté avec le trophée de la meilleure série dramatique pour sa dernière saison, La Méthode Kominsky voit sa première saison auréolée du prix de la meilleure série comique et du meilleur acteur pour le retour de Michael Douglas à la télévision. Sandra Oh, co-animatrice de la soirée, obtient le prix de la meilleure actrice dans une série dramatique (Killing Eve) en battant Julia Roberts. Ben Wishaw, seul acteur gay out en compétition, obtient le prix du meilleur second rôle pour la mini-série A Very English Scandal.

L’appel à la résistance

Il ne fallait pas espérer un seul mot pour la communauté LGBT+ de la part des équipes de Green Book ou de Bohemian Rhapsody malgré les faits réels auxquels se réfèrent les deux films, sans doute la peur de remuer le couteau dans pas mal de plaies ouvertes par le traitement réservé à l’homosexualité des deux personnages centraux : le musicien Dr Don Shirley (dans Green Book) et Freddie Mercury (dans Bohemian Rhapsody).

Mais deux prises de parole ont visé juste pendant cette longue soirée. D’abord Ben Wishaw, qui glissa en fin de discours quelques mots sur le personnage qu’il interprète, le jeune amant d’un député britannique qui s’est battu contre le système : « Il y a une personne à qui je veux vraiment dédier ce prix, c’est l’homme que j’ai eu le privilège d’incarner dans cette série, Norman Scott, qui a affronté l’establishment avec un courage et une détermination qui m’ont complètement inspirés. C’est un véritable héros et une icône queer ! ».

« En tant qu’êtres humains, nous devons résister dans les rues, résister dans les urnes, et mettre en pratique dans nos vies quotidiennes l’amour et l’empathie »

Mais c’est Brad Simpson, producteur exécutif aux côtés de Ryan Murphy de The Assassination of Gianni Versace, qui a lancé le plus vibrant appel à la représentation et à la résistance : « Gianni Versace était l’une des rares personnalités qui a été « out » pendant une période de peur et de haine intenses. Ces forces de haine et de peur sont toujours avec nous, elles nous disent que nous devons avoir peur des gens qui sont différents de nous, elle nous disent de mettre des murs autour de nous. En tant qu’artistes nous devons répliquer en représentant ceux qui ne sont pas représentés et en faisant de la place aux nouvelles voix pour nous raconter des histoires qui n’ont pas été racontées. En tant qu’êtres humains, nous devons résister dans les rues, résister dans les urnes, et mettre en pratique dans nos vies quotidiennes l’amour et l’empathie. Notre série représente une époque, mais ces forces ne sont pas de l’histoire ancienne. Elles sont là, elles sont avec nous et nous devons résister ! ».

Un engagement

La comédienne Regina King, elle, a pris un engagement en recevant son prix du meilleur second rôle pour Si Beale Street pouvait parler qu’elle résume elle-même comme l’étape 2 du mouvement Time’s up : « Je vais utiliser ce moment pour dire tout de suite que dans les deux prochaines années, tout ce que je produirai, j’en fais le serment et cela va être difficile, mais tout ce que je produirai, sera avec 50 % de femmes. Je lance le défi à tous ceux qui ont ce pouvoir, pas seulement dans notre métier mais dans tous les métiers, je vous mets au défi de vous prendre en main, de vous lever en solidarité avec nous et de faire pareil ! ».

Une proposition

Amy Poehler a fait une infidélité à sa comparse Tina Fey (elles avaient présenté en duo la cérémonie en 2013, 2014 et 2015 !) en remettant deux prix aux côtés d’une autre ancienne pensionnaire du Saturday Night Live, Maya Rudolph. Cette dernière en a profité pour demander la main d’Amy, en dégainant la traditionnelle petite boîte garnie d’un bague de fiançailles entre deux annonces de prix. Le nom du vainqueur est presque passé inaperçu, Maya Rudolph hurlant au même moment « Elle a dit oui ! ». Pour de faux, mais mignon quand même ce gros plan final des deux comédiennes joue contre joue.

Un moment gênant

Darren Criss qui a déclaré récemment ne plus vouloir interpréter de personnages gays pour laisser plus d’opportunités aux acteurs LGBT+ a reçu son Golden Globes des mains de Taron Egerton, comédien gallois et hétéro qui incarne Elton John dans le biopic Rocketman attendu en salles en 2019 !

L’instant fashion

Nommé pour son second rôle dans Beautiful boy mais battu par Mahershala Ali, il aurait pu passer presque inaperçu mais un passage sur le red carpet et un plan furtif auront suffi pour qu’on découvre la tenue de Timothée Chalamet (Call Me By Your Name) : un costume surmonté d’un harnais à paillettes noires plutôt audacieux (Louis Vuitton). Lady Gaga n’a pas reçu l’attendu prix de l’actrice dans un drame pour A Star is Born mais celui de la chanson originale ce qui nous a permis de contempler son total look Reine des neiges : robe bleue layette de princesse (Valentino) et chignon assorti, le tout agrémenté de cinq millions de dollars de bijoux (Tiffany & Co).

A suivre très bientôt : Les César et les Oscar, respectivement le 22 et le 25 février.