Quand la comédie musicale fait sa révolution du genre

Publié le

Ces dernières années, des productions audacieuses ont renouvelé le genre du théâtre musical des deux côtés de l'Atlantique. Le genre des personnages principaux est modifié ou des couples gays ou lesbiens viennent remplacer les couples hétérosexuels tels qu'ils avaient été écrits à l'origine. Komitid a voulu savoir s'il s'agissait d'un gadget ou d'un réel pari artistique ?

« Everybody's Talking About Jamie », immense succès dans le West End de Londres -
« Everybody's Talking About Jamie », immense succès dans le West End de Londres - Johan Persson
Article Prémium

Changer le genre ou l’orientation sexuelle d’un personnage de comédie musicale permet-il de proposer une autre lecture des classiques de ce genre théâtral ? La question se pose avec le succès à Londres de la comédie musicale Company. La reprise dans le West End — le quartier des théâtres dans la capitale britannique – de cette œuvre majeure du théâtre musical américain de 1971, signée de George Furth (livret) et Stephen Sondheim (lyrics et musique), a fait couler beaucoup d’encre pour son utilisation du gender swap, l’échange de genre, pour le personnage principal. Dans l’œuvre originale, c'est un homme. Dans la version qui se joue actuellement outre-Manche, c’est une femme. Et cela fait une sacrée différence.

La troupe de la création originale de «Company» en 1970, à Broadway et celle de la production londonienne en 2018

La troupe de la création originale de «Company» en 1970, à Broadway et celle de la production londonienne en 2018 - DR

Company est centré autour du personnage de Bobbie (Bobby, en version masculine). Alors qu’elle s’apprête à fêter ses 35 ans, ses amis, cinq couples, lui organisent un anniversaire surprise. S’ensuit une série de saynètes avec chacun des couples - et parfois ses amants — où Bobbie s’interroge sur la vie à deux, l’engagement, le temps qui passe.

Par souci de cohérence, les maîtresses de Bobby deviennent en effet les amants de Bobbie (l'idée d'en faire une lesbienne n’a pas été retenue). Tout aussi intéressant, le personnage d’Amy, qui fait une crise d’angoisse le jour de son mariage devient Jamie, et l’un des couples hétéros devient alors de facto un couple gay.

« C’est comme si cette comédie musicale avait rajeuni de 30 ans »

Laurent Valière, animateur de l’émission 42ème rue sur France Musique, vient de publier un passionnant livre-somme, 42ème Rue: la grande histoire des comédies musicales, chez Marabout. Il a beaucoup aimé la version londonienne revisitée de Company. « Je parle souvent de Company dans mon émission parce que c’est une pièce qui à mon sens n'a pas vieilli. C’était déjà audacieux en 1971 de faire une comédie musicale sur un célibataire de 35 ans qui ne veut pas se marier. 

Pour continuer la lecture de cet article :

Vous avez déjà un accès ?

Identifiez-vous