À Rome, une librairie féministe et LGBT+ au cœur de la résistance face au gouvernement populiste

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Depuis l'arrivée au pouvoir d'une coalition populiste, la communauté LGBT+ italienne fait face aux déclarations LGBTphobes du gouvernement. Retour en force de l'image du « mâle viril italien », manque de reconnaissance devant la loi, harcèlement à l'école et discriminations dans le monde professionnel… Dans un contexte très "particulier", les activistes que nous avons rencontré.e.s à Rome sont bien décidé.e.s à résister.

libreria tuba roma
Sarah, de la librairie féministe Tuba, à Rome – Floriane Valdayron
Article Prémium

Valeria Babini, Elena Ferrante, Nella Nobili, Liv Strömquist… Des étagères de livres aux noms d'autrices se superposent sur les murs de la Libreria Tuba, à Rome, la capitale de l'Italie. Les ouvrages cohabitent avec des tables et des chaises colorées, réparties dans la salle. Au centre de la pièce, un bar et une vitrine alléchante où sont disposés des sandwichs faits maison, ainsi que des fruits frais. À l'extérieur, l'inscription sur la vitre donne le ton :  « Librairie des femmes – bar – bazar des désirs ».

Les cinq associées de Tuba se sont installées il y a cinq ans dans ce local de la très animée rue Pigneto, à Rome. Avant, la librairie fondée en 2007 était située un peu plus haut dans le quartier, à quelques dizaines de mètres de là. « Les fondatrices ont décidé d'agrandir Tuba en 2013 pour développer le bar, explique Sarah, 38 ans, qui a rejoint l'aventure en 2008. On voulait vraiment créer un espace de sociabilité féministe et lesbien ».

L'objectif affiché ? Ouvrir un lieu où tous les thèmes peuvent être abordés de manière ouverte, sans pression ni connotation négative, et où chacun.e peut être soi-même sans avoir à se soucier du regard des autres. « On accueille toutes les sexualités : c'est un espace fréquenté par des alternatifs de l'hétéro-normativité », précise Sarah. Tuba, c'est une petite bulle où deux personnes du même sexe ne seront pas victimes d'agression si elles s'embrassent passionnément, comme c'est arrivé à Sarah et à sa compagne dans les rues de Rome. « Quand il arrive que des gens qui passent devant la terrasse nous insultent, dix personnes prennent notre défense », raconte la trentenaire, en reconnaissant que la capitale italienne manque d'endroits comme celui-ci. Ça nous donne une force ». Une manière de faire front ensemble, qui prend d'autant plus son sens dans le contexte politique que connaît actuellement l'Italie. Depuis le mois de juin dernier, le pays est dirigé par la coalition formée par la Ligue, un parti d'extrême-droite, et le Mouvement 5 étoiles (M5S), un parti antisystème.

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  • arnosa

    Pour vivre en Italie, je pense que les gays eux-memes devraient changer: la communaute est rare et affligeante et le poids de la famille (la mamma) et de l’eglise, rendent la vie quotidienne tres difficile.Beaucoup d’homophobie interiorisee en fait, et le necessite de s’ouvrir sur le monde et d’agir: ex. prendre son copain par la main dans la rue! Chiche?