« Frères Ennemis », « La saveur des ramen » et « Amin » : notre critique ciné de la semaine

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Cette semaine, un flic et un bandit, un cuisinier japonais et un travailleur immigré sont les héros de notre sélection.

Reda Kateb et Matthias Schoenaerts dans « Frères Ennemis »
Reda Kateb et Matthias Schoenaerts dans « Frères Ennemis » - David Koskas/One World Films

Frères ennemis

Réalisation : David Oelhoffen
Policier – France – 2018
Distribution : Matthias Schoenaerts (Manuel), Reda Kateb (Driss), Sabrina Ouazani (Mounia), Adel Bencherif (Imrane), Sofiane Zermani (Fouad), Nicolas Giraud (Rémi), Gwendolyn Gourvenec (Manon)

Manuel et Driss ont grandi dans la même cité. Autrefois amis, ils s’affrontent aujourd’hui, le premier étant devenu trafiquant de drogue, et le second, policier à la brigade des stupéfiants.

Note : 4/5

Quatre ans après Loin des hommes (avec Viggo Mortensen), David Oelhoffen retrouve l’intense Reda Kateb et exploite une fois encore avec brio son immense talent. Il est ici en duo avec Matthias Schoenaerts, autre interprète au fort charisme. Ce polar puissant n’est pas novateur pour un sou, mais est exécuté avec assez d’énergie pour contenter tout.e amateur.trice de sensations fortes. Flics et voyous s’opposent dans cette banlieue, théâtre du trafic de drogue et des règlements de compte sanglants. Oelhoffen n’en oublie toutefois pas la psychologie de ses personnages qui, ce n’est pas si fréquent, ne sont pas que des mâles dominés par leur testostérone.

Les deux têtes d’affiche valent à eux seuls le déplacement.

La Saveur des Ramen

Réalisation : Eric Khoo
Drame – Japon/Singapour – 2018
Distribution : Takumi Saitoh (Masato), Seiko Massuda (Miki), Tsuyoshi Ihara (Kazuo), Jeanette Aw (Mei Lian, sa mère), Tetsuya Bessho (Akio, le père), Mark Lee (Wee, l’oncle de Singapour), Beatrice Chien (Masan Lee, la grand-mère)

Au Japon, Masato travaille dans le restaurant de son père. Quand celui-ci meurt subitement, il décide de se rendre à Singapour, pour tenter de retrouver son oncle, frère de sa mère décédée, qui était originaire du pays.

Note : 4/5

De Eric Khoo, je ne connaissais que le déconcertant Hotel Singapura (2015). Son nouveau film est diamétralement opposé et bien plus accessible. On suit le parcours de Masato, joué par le charmant Takumi Saito, lui-même fils de chef cuisinier. Devenu orphelin, un voyage dans son pays natal s’impose à lui. Sa quête d’une part de ses racines va, sans le vouloir, faire resurgir des secrets de famille et des souvenirs douloureux, liés à l’occupation violente de Singapour par les Japonais. Malgré ces thèmes mélancoliques et sombres, ce drame est d’une légèreté et d’une délicatesse inouïe. Sans effet de manche, l’émotion émerge et fait chavirer les cœurs.

Préparez vos mouchoirs !

Amin

Réalisation : Philippe Faucon
Drame – France – 2018
Distribution : Moustapha Mbengue (Amin), Emmanuelle Devos (Gabrielle), Marème N’Diaye (Aïcha), Fantine Harduin (Célia), Nourredine Benallouche (Abdelaziz), Ouidad Elma (Selima)

Amin est venu du Sénégal pour travailler sur des chantiers et ainsi subvenir aux besoins de sa famille restée au village. En France, il fait la connaissance de Gabrielle, pour qui il effectue des travaux.

Note : 3,5/5

Philippe Faucon continue sa radiographie des maux liés au déracinement et à la difficulté à vivre dans un pays qui n’est pas le sien. À l’image de Fatima (2015, et quatre César), son nouveau drame est d’une grande simplicité, sans musique ni artifices. Les rapports familiaux sont au centre de son récit ancré dans la réalité. Emmanuelle Devos est comme toujours très naturelle, tout comme le casting africain constitué de parfaits – dans tous les sens du terme – inconnu.e.s., que le réalisateur filme avec un infini respect.

Egalement à l’affiche cette semaine :

Blindspotting (réalisé par Carlos Lopez Estrada) : Collin est à trois jours de la fin de sa probation. il est déménageur et travaille avec son meilleur ami, Miles. Un soir, en rentrant dans son camion, il est témoin d’une bavure policière. Un film coup de poing, mêlant avec une étonnante fluidité le drame social et la buddy comédie. Ce mix audacieux qui fait l’effet de montagnes russes a reçu le Prix de la Critique au Festival de Deauville. À ne surtout pas manquer ! et la bande son hip-hop et soul est top !

Nos batailles (réalisé par Guillaume Senez) : Olivier est un chef d’équipe syndicaliste qui se bat pour ses collègues. Il ne voit pas que sa femme est dépressive, jusqu’au jour où elle part sans rien dire à personne. Il se retrouve seul avec leurs deux enfants. Romain Duris est d’une justesse rare dans ce beau drame familial très réaliste renforcé par des dialogues improvisés par l’ensemble de la distribution. Après le remarquable Keeper en 2016, le réalisateur franco-belge confirme son talent.

Upgrade (réalisé par Leigh Whannell) : dans un futur proche, Grey et sa femme Asha sont sauvagement agressés. Elle meurt et il reste paralysé. Il est approché par Eron Keen qui lui propose de retrouver sa motricité en upgradant son corps avec une puce révolutionnaire. Une série B australienne efficace qui combine gaiement science-fiction, action, et humour, avec une pointe de gore pour relever la sauce.