Londres : des activistes lesbiennes anti-trans bloquent la Pride

Publié le

Une petite dizaine d'activistes lesbiennes ont bloqué la tête de cortège de la Marche des fiertés londonienne, alors que celle-ci s'apprêtait à démarrer ce samedi 7 juillet. Leur revendication ? Propager un message anti-trans.

Londres
Des militantes lesbiennes anti-trans à la Pride de Londres 2018 - Mia via Twitter

C’est une intrusion dont Pride in London se serait bien passée. Une petite dizaine d’activistes lesbiennes ont bloqué la tête de cortège de la Marche des fiertés londonienne, alors que celle-ci s’apprêtait à démarrer ce samedi 7 juillet. Leur revendication ? Propager un message anti-trans.


D’après Gay Star News, le groupe tenait une bannière sur laquelle les mots « transactivisme efface les lesbiennes » étaient inscrits. L’une d’entre elles aurait même crié « un homme qui dit être une lesbienne est un violeur » et « seule des femmes peuvent être des lesbiennes ».  Le petit groupe de militantes s’est, d’après The Guardian, dispersé de lui-même après une dizaine de minutes.

Ces femmes font partie du mouvement des Trans-Exclusionary Radical Feminist (TERFS, Feministes radicales excluants les trans), minoritaire mais très visible au Royaume-Uni ces dernières années. Celles-ci considèrent que les femmes trans ne sont pas de vraies femmes et militent activement pour leur exclusion. Les TERFS ont notamment réclamé la non-inclusion de femmes trans sur des listes politiques à 100 % féminines. Un comportement qu’il est difficile de qualifier autrement que de transphobe.

Transphobie

« Transphobe », c’est justement la façon dont le maire de Londres Sadiq Khan a qualifié les militantes. L’élu travailliste ouvrait la Pride de la capitale britannique et en a profité pour rappler à PinkNews que la marche « était là pour célébrer la différence et l’incroyable communauté LGBT+ de Londres ».

De nombreuses voix se sont également élevées lors de l’évènement, qui a réuni des centaines de milliers de personnes, pour protester contre l’intrusion des militantes. Sur Twitter, la journaliste et activiste trans Laure Kate Dale s’est indignée de l’absence de réaction de la police, pourtant présente aux alentours de la Marche. « Je ne resterais pas calme alors que l’on me dit que je ne suis pas la bienvenue en tant que lesbienne trans », écrit-elle.


Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes s’interrogent sur le fait que la Police n’ait rien fait pour disperser le petit groupe de militantes. Dans une explication transmise à Gay Star News, la Pride in London explique « qu’à cause des fortes chaleurs et dans l’intérêt de la sécurité de tous ceux qui participaient à l’évènement, la parade ne s’est pas arrêtée ». Le comité organisationnel de la Marche dit espérer que « les actions d’un petit groupe de personnes n’occultera pas les messages des 30 000 marcheurs et marcheuses du jour ».

  • p

    Je trouve cet article très décevant, il n’y a aucune recherche de contexte pour expliquer les revendications du groupe lesbien. Je suppose que c’est plus facile de faire croire que les activistes lesbiennes sont des hystériques acariâtres qui s’énervent sans raison.

    Je pré-mâche votre travail de journaliste et vous donne quelques notes de contexte :

    – le parti travailliste britannique (Labour) a décidé qu’un poste réservé aux femmes était maintenant ouvert à toute personne “s’identifiant” comme femme, par auto-détermination.

    – Lily Madigan, femme trans depuis seulement quelques années, a eu ce poste en 2017 après avoir mené une campagne de harcèlement contre Anne Ruzylo, une lesbienne à un poste similaire dans le parti, en la traitant de “TERF” (parce que oui, c’est une insulte du même type que “feminazi”, je ne connais aucune activiste qui se décrit comme “TERF”, ce n’est pas un groupe politique, c’est une étiquette qui est collée sur les féministes et les lesbiennes pour les marginaliser). Anne Ruzylo et son comité ont fini par démissionner. L’une des premières actions de Lily Madigan en tant que représentante des femmes a été de créer une liste de toutes les femmes du parti qu’elle considérait comme suspectes afin de les virer.

    – Il s’est avéré que sur son ancien compte twitter (avec son nom de naissance, compte suivi par son frère), Lily Madigan listait son site personnel comme “rape . com / savillesapprentice”. Si vous ne savez pas qui est Jimmy Savile, c’est l’un des pires prédateurs sexuels du Royaume-Uni avec plusieurs centaines d’agressions sexuelles. Malgré cela, Lily Madigan est, encore aujourd’hui, représentante des femmes au parti travailliste.

    – Le 13 septembre 2017, un débat sur le Gender Recognition Act (loi britannique basant le genre sur l’autodétermination) devait avoir lieu à la bibliothèque New Cross Learning à Londres. Une femme trans, Miranda Yardley, devait participer à ce débat. D’autres activistes trans avaient été invités mais ont décidé d’annuler leur venue pour diverses raisons (entres autres un départ en vacances). L’évènement a quand même été considéré comme transphobe par le groupe féministe Sisters Uncut, qui a appelé à harceler la bibliothèque jusqu’à ce que l’évènement soit annulé, ce qui a été fait le 12 septembre. Un nouveau lieu a été trouvé mais les personnes voulant assister au débat devaient se présenter au “Speaker’s Corner” de Hyde Park, un lieu prônant la liberté d’expression où de nombreux activistes de toutes sortes ont prononcé des discours pendant plus d’un siècle. Elles y rejoindraient ensuite le lieu du débat, tenu secret. Des activistes trans ont organisé une contre-manif et criaient entre autres “tuez toutes les TERFs”. L’une d’entre eux (Tara Wood) s’est vantée sur les réseaux sociaux de vouloir “péter la gueule de TERFs”, qu’elle comparait à des fascistes. Une fois sur place, cette personne a essayé de voler le téléphone portable de Miranda Yardley et a participé à l’agression de Maria MacLachlan, une activiste féministe de 60 ans qui filmait la contre-manif. Quand deux jeunes filles alliées des activistes trans ont tenté d’arrêter la bagarre, ils les ont menacées aussi. De nombreux activistes trans se sont félicités sur Twitter qu’une “TERF” se fasse frapper. Tara Wolf a été reconnue coupable d’agression et a dû payer 430£ d’amende.

    – En octobre 2017, Linda Bellos (femme politique, activiste lesbienne noire juive et créatrice du Black History Month au Royaume-Uni) était invitée par un groupe féministe à s’exprimer à l’université de Cambridge. Quand elle a prévenu qu’elle remettrait en question publiquement “certaines politiques trans… qui semblent affirmer le pouvoir de personnes auparavant désignées mâle de dire aux lesbiennes, et surtout aux féministes lesbiennes, ce qu’elles doivent dire et penser”, sa venue a été annulée.

    – En mai 2018, pour tester les limites du principe d’autodétermination de genre sur lesquelles se basent les élections non-mixtes de représentantes des femmes, David Lewis, un activiste du parti, s’est présenté à une de ces élections avec le prétexte qu’il se sentait femme “tous les mercredis entre 6h50 du matin quand mon réveil sonne jusque minuit environ quand je vais au lit”. Sa candidature a été acceptée jusqu’à ce qu’il révèle que ce n’était qu’un troll pour critiquer la politique du parti. C’est la preuve que n’importe quel homme peut se présenter à ces élections tant qu’il ment avec suffisamment d’aplomb.

    – À Hampstead Heath (un parc de Londres), il y a trois lacs où les gens peuvent se baigner : un réservé aux hommes, un réservé aux femmes et un mixte. Celui réservé aux femmes est basé sur un principe d’autodétermination, donc les femmes ont eu la mauvaise surprise de voir un homme en bikini venir se baigner. Elles ont été qualifiées de “TERF” et de transphobes. En mai 2018, quand des femmes sont venues dans le lac réservé aux hommes en disant s’identifier comme hommes, elles ont été virées par la police. Aucun homme a été traité de transphobe .

    Ce que je vous ai listé s’est uniquement passé au Royaume-Uni ! Il s’est passé de nombreux évènements aussi inquiétants en Amérique du Nord : des activistes trans ont vandalisé la bibliothèque féministe de Vancouver et intimidé le personnel parce qu’elles refusaient de bannir des livres, d’autres ont harcelé le restaurant végétarien Bloodroot tenu par deux lesbiennes octogénaires pour “violence transphobe extrême” (… qui s’est avérée être un simple malentendu), le groupe queer antifa Les Degenderettes est venu à la marche des fiertés de San Francisco 2017 armé de battes de baseball et portant des T-shirts tachés de sang avec “Frappe une TERF” écrit dessus, Dana Rivers (qui a manifesté pendant plusieurs années contre le festival lesbien Michfest) a assassiné un couple de lesbiennes et leur fils, Christine Love a écrit un jeu porno (Ladykiller in a bind) où une lesbienne finit par aimer les hommes “grâce” à un viol correctif, etc.

    Est-ce que ces quatre pancartes à la marche des fiertés de Londres vous paraissent si injustifiées maintenant ? Vous paraissent-elles toujours si agressives ?

    Aiguisez votre esprit critique, utilisez Google pour autre chose que des copiés/collés de PinkNews, interviewez d’autres personnes que vos potes, faites votre travail.