L’écriture inclusive est-elle vraiment un obstacle pour les personnes en situation de handicap ?
Toujours cristallisés autour du point médian, les arguments contre l’écriture inclusive mettent en avant une exclusion des personnes en situation de handicap. Ces points de crispation sont-ils des réalités ou une façon de se servir de l’accessibilité numérique pour nourrir des propos malhonnêtes ? Enquête.
Dans l’interminable débat autour de l’écriture inclusive – relancé récemment par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer – deux arguments principaux sont relayés à l’envi par ses détracteurs et détractrices. Le point médian (ou tout autre signe graphique) gênerait l’utilisation des lecteurs d’écran pour les personnes mal ou non-voyantes et perturberait encore davantage la lecture chez les personnes dyslexiques.
Dans un premier temps, il est bon de rappeler que ces arguments tendent à « homogénéiser l’opinion de l’ensemble des personnes déficientes visuelles et avec des troubles dys », indiquent les membres du Réseau d’Études HandiFéministes (REHF) dans un billet de blog partagé fin 2020. « Il existe assurément des handi-e-x-s qui défendent l’écriture inclusive. Il est donc problématique que des personnes non concernées ne consultent pas ou s’expriment à la place des personnes concernées par le validisme, [et] ne considèrent pas la pluralité des discours sur ces débats. »
Mais soit, prenons ces deux arguments au mot. Ces derniers sont aussi utilisés par des associations de personnes concernées, comme la Fédération des aveugles de France, et prennent sûrement leurs racines dans de mauvaises expériences d’inaccessibilité à l’information.
Tout est dans le script
Pour accéder à un ordinateur, une personne en situation de handicap visuel utilise un lecteur d’écran. Un système de synthèse vocale décrit le contenu affiché mais aussi la structure et permet d'interagir avec le système d’exploitation et les logiciels installés. Cependant, « comme toutes les applications, les sites web, ne sont pas développés avec les mêmes technologies et ne respectent pas les normes d’accessibilités, les logiciels de synthèse vocale ne peuvent pas envisager toutes les possibilités », indique Nassim Yousfi, développeur chez Ceciaa, fournisseur de produits et services pour les personnes aveugles et malvoyantes.
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