Mike Pence « fier » de sa gestion, pourtant jugée exécrable, de la crise du VIH en Indiana

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Mike Pence a défendu sa gestion de l'épidémie de VIH survenue de 2014 à 2015 lorsqu'il était gouverneur de l'Indiana, se disant « fier » de son travail.

Mike Pence
Mike Pence à un meeting dans le Missouri en 2016 - Gino Santa Maria / Shutterstock

Mike Pence a défendu sa gestion de l’épidémie de VIH survenue de 2014 à 2015 lorsqu’il était gouverneur de l’Indiana, se disant « fier » de son travail. Une réponse à ceux et celles qui s’interrogeaient sur ses capacités à combattre le coronavirus. En effet, Donald Trump a annoncé mercredi 27 février qu’il nommait Mike Pence, son vice-président, à la gestion de l’épidémie de coronavirus aux États-Unis.

Lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche samedi 29 février, Andrew Feinberg, journaliste à Breakfast Media, a demandé à Trump : « Quelle garantie pouvez-vous donner aux Américains, que les considérations politiques et les problèmes idéologiques ne joueront aucun rôle dans la réponse de votre gouvernement à ce virus ? » Alors que la question était posée, le vice-président a d’abord secoué la tête d’un air désapprobateur derrière le Président.

Mike Pence a fait « un travail phénoménal »

Donald Trump a répondu que Mike Pence « avait fait un travail phénoménal en matière de soins de santé – l’un des meilleurs, sinon le meilleur, du pays », avant de laisser la parole au vice-président.

Dans sa réponse, Mike Pence a considérablement minimisé son rôle dans l’épidémie, se concentrant sur « les capacités extraordinaires des CDC [Centres pour le Contrôle et la Prévention des maladies] » et « le rôle inestimable que jouent les autorités sanitaires locales dans la lutte contre la propagation des maladies infectieuses ».

Il a ajouté que son équipe « a immédiatement déployé des ressources de santé » mais a imputé l’incident à la « très petite ville » d’où provient l’épidémie et aux personnes qui « partageaient des seringues pour la consommation de drogues intraveineuses… et l’état de l’Indiana n’a pas permis de fournir des programmes d’échange de seringues. »

Mike Pence affirme cependant qu’après que les CDC aient fait une recommandation, il a permis au programme d’échange de seringues de se dérouler pendant 30 jours après avoir déclaré une urgence médicale.

Il poursuit : « Je suis fier de dire que chacun de ces patients a été traité, [et] nous avons mis fin à la propagation du virus du VIH/sida… Et je suis fier du travail que nous avons fait dans l’État de l’Indiana, et j’espère continuer à rassembler tous les meilleurs esprits pour faire face à ce problème. »

Donald Trump est intervenu pour dire que Mike Pence « faisait un excellent travail » et que c’était une « excellente réponse » à la question.

La pire épidémie de VIH aux États-Unis

En 2014-2015, l’État de l’Indiana a vécu ce qui est reconnu comme « la plus grande épidémie concentrée de VIH jamais documentée aux États-Unis ». La plupart des cas étaient liés à la consommation de drogues, en particulier l’injection d’opioïdes sur ordonnance.

La « très petite ville » dans laquelle l’épidémie s’est produite était en réalité le comté de Scott où la population était estimée à plus de 23 000 personnes en 2018.

La seule clinique qui prévoyait des ressources pour lutter contre la propagation du VIH a été forcée de fermer en 2011 en raison des coupes budgétaires de Mike Pence. D’après NBCNews, après que l’augmentation des diagnostics de VIH a été notée pour la première fois en novembre 2014, il a fallu près de six mois à au vice-président pour délivrer son ordonnance d’urgence. Celle-ci a autorisé les programmes d’échange de seringues mais ne s’appliquaient qu’à cinq comtés de l’État.

Après les 30 jours de l’urgence médicale, plusieurs de ces comtés ont recommencé à empêcher les programmes d’échange de seringues. De tels programmes «  ne fonctionnent que dans neuf des 92 comtés de l’Indiana », selon un rapport de The Salon datant de février 2020. Bien qu’ils soient actuellement légalisés à titre temporaire, l’État exige que les échanges soient «  autorisés soit par l’organe exécutif du comté ou par le corps législatif de la municipalité, puis renouvelés au moins tous les deux ans ».

Près de 200 personnes ont été diagnostiquées au cours de l’épidémie, sur la base des chiffres d’août 2015. Une étude de l’Université de Yale publiée dans le journal médical The Lancet a conclu en 2018 qu’une action plus rapide aurait pu réduire considérablement la gravité de l’épidémie.