La nomination d'Olivier Py au Châtelet jugée « arbitraire et sexiste » par Alice Coffin

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Le choix d'Olivier Py à la direction artistique du théâtre du Châtelet n'est pas du goût des écologistes, alliés exigeants d'Anne Hidalgo, et notamment de l'élue de leur groupe Alice Coffin.

Il a déjà dirigé un centre dramatique, un grand théâtre et, surtout, un des plus prestigieux festivals de théâtre au monde, Avignon : Olivier Py reste sur le devant de la scène en devenant directeur artistique du Châtelet.

Le comédien, dramaturge et metteur en scène de 57 ans devra s’atteler à redonner une identité artistique forte à cette scène historique, sans direction artistique depuis le renvoi en 2020 de la Britannique Ruth Mackenzie et le départ en juillet 2022 de Thomas Lauriot dit Prévost.

Il devra assainir les finances, la salle – fleuron de la Ville de Paris – accusant un déficit estimé entre quatre et six millions d’euros selon les sources, malgré des taux de remplissage de 95 % depuis septembre, avec le succès notamment de la comédie musicale 42nd Street.

« Je veux transformer le Châtelet en un lieu d’exception, je veux que ça soit la fête, qu’on se dise qu’on a envie d’aller au Châtelet, que tout le monde se sente accueilli dans ce lieu situé dans un des plus beaux lieux de Paris », a réagi M. Py pour l’AFP.

« L’héritage de cette maison, c’est la musique, l’opérette, la comédie musicale, la danse, c’est un héritage extraordinaire, je vais essayer de réinventer cette identité et de la servir », a-t-il ajouté.

L’institution inaugurée en 1862 et devenue mythique au début du XXe siècle grâce à des créations comme Petrouchka de Stravinski ou encore L’Après-Midi d’un Faune de Nijinski, est plus connue à l’époque contemporaine pour avoir été un temple de la comédie musicale.

“Nouvelle dynamique”

« Je veux que ça soit international – avec une importance quand même accordée au chant en français-, pluridiciplinaire, populaire et exigeant », a indiqué M. Py, qui s’attellera à la saison 2024-2025 (celle de 2023-2024 étant déjà programmée).

Il a précisé que le « premier travail sera de travailler avec les équipes pour résorber le déficit », se disant habitué à trouver « des solutions même quand mathématiquement il n’y en a pas ».

« Je continuerai à travailler sur la démocratisation culturelle, c’est une des choses que la Ville de Paris attend de moi », poursuit celui qui a été à la tête de l’Odéon (2007-2012) puis du Festival d’Avignon (2013-2022).

Cette nomination est « une promesse assurée d’audace, de joie, de surprises et d’impertinence », a tweeté la maire PS Anne Hidalgo. Le Châtelet reçoit 15 millions d’euros de la Ville et génère 10 millions de recettes propres.

Le président du conseil d’administration du Châtelet, Xavier Couture, a salué la nomination d’une « figure majeure du spectacle vivant », soulignant la volonté de donner au théâtre « une nouvelle dynamique ».

Mais le choix de M. Py n’est pas du goût des écologistes, alliés exigeants d’Anne Hidalgo, et notamment de l’élue de leur groupe Alice Coffin.

La nomination « relève autant de l’arbitraire que du sexisme très particulier du monde culturel et du monde politique », a dénoncé sur Twitter celle qui est aussi membre du conseil d’administration du théâtre.

Le comité de sélection dont elle faisait partie avait retenu « deux femmes aux excellents dossiers », Valérie Chevalier, directrice du Carreau du Temple, lieu culturel parisien, et Sandrina Martins, directrice de l’Opéra de Montpellier.

« Mais c’est Olivier Py qui a été repêché, au détriment de dossiers jugés meilleurs », affirme la militante féministe, dénonçant un « scandale ».

 

Sous la houlette d’Olivier Py, le Festival d’Avignon a atteint un taux record de fréquentation (95,5 % en 2019). Il avait invité des artistes qui s’étaient emparés souvent des questions d’écologie, des droits LGBT+, de féminisme, ou des migrants.

Né le 24 juillet 1965 à Grasse (Alpes-Maritimes), cet artiste, connu pour son goût du baroque et du flamboyant, a continué durant ses mandats à écrire et à mettre en scène, au théâtre comme à l’opéra.