3 folles raisons de regarder le doc “I Am Divine” sur Arte.tv

Plus de trente ans aprĂšs sa mort en 1988, Divine demeure la plus Ă©bouriffante et fabuleuse crĂ©ature inventĂ©e par le cinĂ©ma. Alors qu’Arte propose en streaming « I Am Divine Â», un documentaire riche d’archives sur son incroyable parcours, retour sur les trois raisons qui font de l’hĂ©roĂŻne des films de John Waters l’icĂŽne queer absolue.

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1 – Parce que le trash

Si on aime tant Divine, c’est parce que cette drag queen obèse et flamboyante a tout osé dans les années 1970-80, qu’elle ne s’est embarrassée d’aucun tabou et a envoyé valdinguer le bon goût à des distances intersidérales. Tout le monde se souvient d’elle se délectant d’une crotte de caniche toute fraîche aux toutes dernières images de Pink flamingos… Mais ce n’est que l’exemple le plus trash des transgressions réjouissantes entreprises par Divine sous la direction de John Waters au fil de leurs films en commun. Divine se transforme ainsi en Jackie Kennedy (Eat your makeup), est violée par un homard géant (Multiple Maniacs), lèche les meubles de ses adversaires pour le titre de “Personne la plus dégoûtante du monde” (Pink flamingos) et finit sur la chaise électrique dans Female trouble. Si Divine semble s’assagir en épouse modèle trompée dans la parodie de mélo Polyester ou en mère de famille idéale au look très négligé dans Hairspray, ce n’est qu’une impression : elle n’en finit pas, à travers ces personnages, de dynamiter de manière réjouissante les codes traditionnels.

Crédit : Zellig

Il n’y a pas qu’au cinéma que Divine se déchaîne et explose les codes de bienséance : c’est aussi le cas sur les scènes des clubs du monde entier lorsqu’elle entonne ses tubes disco tels que You think you’re a man, I’m so beautiful ou Walk like a man.

2 – Parce que le glamour

Divine pourtant, au-delà de ses savoureux excès, ne se contente pas d’être l’idole trash du cinéma underground de son ami John Waters. Elle est aussi, à sa manière très singulière, une icône glamour, usant d’un génial maquillage outrageous, créé pour elle par Van Smith. Elle enfile les perruques les plus improbables et glisse son corps non conforme dans des tops moulants à paillettes et des robes fourreaux. Divine impose ainsi un personnage à la fois grotesque et inquiétant, dérangeant et… sexy. En deux mots : divinement camp ! La légende glamour de Divine a d’ailleurs été renforcée par sa liaison passionnée avec la porn star Leo Ford. 

Crédit : Zellig

3 – Parce que le drama

Derrière le personnage de Divine se cache Harris Glenn Milstead. Et le destin de celui-ci, infiniment moins éclatant que celui de sa créature, le nimbe d’une touche de mélo. De quoi faire de cette queen… une drama queen comme on les adore, avec son lot de malheurs et de souffrances. Car l’histoire de Harris Glenn Milstead, c’est celle d’un garçon rondouillard, timide et mal dans sa peau qui grandit à Baltimore, c’est-à-dire nulle part. Il ne verra plus ses parents des décennies durant, après qu’ils aient découvert son homosexualité. Et si, à la suite de sa rencontre avec John Waters, ce marginal va s’accomplir en devenant Divine, il en restera toujours une douleur latente qu’il compensera en abusant de la marijuana et de la nourriture, quitte à mettre sa santé en péril. Comme beaucoup d’héroïnes homos, de Judy Garland à Dalida, la sanctification de Divine passe par sa mort prématurée, à 42 ans, alors que sa carrière allait prendre une autre tournure. Le lendemain, en effet, il devait jouer un rôle d’homme dans une série à succès, Mariés, deux enfants.

I am a Divine, l’histoire vraie de la plus belle femme du monde, de Jeffrey Schwartz (2013).
En streaming sur arte.tv jusqu’au 20 janvier.

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